Les pays d'Europe centrale ont accueilli fraîchement la proposition franco-allemande d'un "pacte de compétitivité" dans la zone euro, dénonçant le risque d'une "Europe à deux vitesses", bien qu'ils ne soient pas pressés d'entrer dans l'euro.
Les dirigeants des dix-sept pays de la zone euro se réuniront le 11 mars à Bruxelles pour discuter de ce pacte proposé par Paris et Berlin afin de renforcer la coordination des politiques économiques.
Mais les pays de l'UE non membres de l'euro ne voient pas d'un bon oeil ce genre de sommet à 17 dont ils se sentent exclus.
C'est le cas de la Pologne, poids lourd de l'Europe centrale.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a exprimé des réserves jugeant "important que cela ne mène pas à un retour vers une Europe à deux vitesses".
"Nous sommes presque sur le chemin d'une Europe à deux vitesses", a observé le commissaire européen au Budget Janusz Lewandowski, lui-même polonais.
Les pays non-membres de la zone euro "doivent essayer de garder la porte ouverte", a-t-il plaidé lors d'une visite en Bulgarie. "Nous ne devons pas tolérer, après avoir été intégrés, d'être à nouveau exclus parce que la zone euro construit une sorte d'Union européenne intérieure", a-t-il ajouté.
Pour autant, la Pologne n'apparait pas pressée d'adopter la monnaie unique: "2015 semble la première date possible, mais pas la plus probable", a dit cette semaine devant le Parlement le vice-ministre des finances Ludwik Kotecki.
2020 parait une date "plus probable", estime le professeur Krzysztof Rybinski, recteur de l'université d'économie et d'informatique de Varsovie. Car "la Pologne a beaucoup de travail à faire pour remplir les critères de Maastricht", déclare-t-il à l'AFP.
"Rester en dehors de l'euro a permis à la Pologne de survivre à la crise", fait valoir le président de la Banque nationale de Pologne Marek Belka, "mais sur un plan politique, ce n'est pas une bonne chose", ajoute-t-il.
Pour la République tchèque, l'échéance est encore plus incertaine, son Premier ministre Petr Necas ayant renoncé à fixer une date d'adhésion à l'euro d'ici la fin de son mandat en juillet 2014.
Certaines propositions pour améliorer la compétitivité en Europe vont dans la bonne direction, a-t-il commenté devant la presse jeudi, évoquant les pistes concernant les retraites et la dette publique.
"En revanche, l'idée d'une harmonisation des taxes directes est clairement un pas dans la mauvaise direction s'agissant de la compétitivité de la République tchèque", a-t-il ajouté.
La Slovaquie, qui a adopté la monnaie unique en 2009, n'est pas enthousiaste concernant ce pacte de compétitivité, le chef de son gouvernement, Iveta Radicova jugeant qu'une harmonisation des politiques économiques "avait ses limites".
En revanche, l'Estonie, qui vient d'adopter l'euro, approuve : "il faut promouvoir des politiques budgétaires durables et des réformes de structure nécessaires afin de soutenir une compétitivité améliorée", dit à l'AFP son ministre des Finances Jurgen Ligi.
La Lituanie voisine, qui espère entrer dans l'euro en 2014, juge "positif" ce pacte. "Toutes les initiatives qui renforcent la compétitivité de l'Union européenne sont les bienvenues", déclare à l'AFP Mykolas Majauskas, conseiller du Premier ministre pour les affaires financières et économiques, mais "ce format à 17 doit être ouvert, et ne pas être juste un nouveau format en soi".
"Ayant une monnaie en commun, il est normal que les dix-sept pays se réunissent pour parler des questions strictes de cette monnaie", avait pour sa part défendu le président français Nicolas Sarkozy lors du sommet du triangle de Weimar le 7 février à Varsovie.