Les autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise ont émis lundi des réserves sur les systèmes de sûreté des réacteurs nucléaires EPR, demandant aux exploitants et fabricant "d'améliorer la conception initiale de l'EPR", selon une déclaration commune.
Deux réacteurs de troisième génération (EPR) sont en cours de construction en France et en Finlande.
Le niveau de sûreté des systèmes de contrôle-commande, cerveau de l'EPR, avait déjà été mis en cause en avril par l'Inspection britannique des installations nucléaires (NII).
La critique porte sur la trop grande interconnexion entre deux systèmes de contrôle, supposés être indépendants, l'un faisant fonctionner le réacteur et l'autre assurant sa sécurité.
"L'indépendance de ces systèmes est importante. En effet, si un système de sûreté est appelé à servir en cas de perte d'un système de contrôle, alors ces deux systèmes ne doivent pas faillir simultanément", soulignent lundi les autorités de sûreté du nucléaire française (ASN), britannique (HSE/ND) et finlandaise (STUK). En conséquence, les exploitants se voient demander "d'améliorer la conception initiale de l'EPR".
"Il incombe aux exploitants et au fabricant Areva de répondre aux questions techniques soulevées par leurs Autorités de sûreté", des solutions différentes pouvant être proposées par chaque exploitant "pour pallier la perte de systèmes de sûreté", selon la déclaration commune.
Dans une lettre adressée au directeur de l'ingénierie nucléaire à EDF, le directeur général de l'ASN, Jean-Christophe Niel, lui demande "d'examiner dès à présent des dispositions de conceptions différentes", car la "certitude d'aboutir in fine à une démonstration de sûreté acceptable fondée sur l'architecture actuelle n'est pas acquise". L'ASN relève que la "complexité" de cette architecture "rend difficile l'élaboration d'une démonstration de sûreté satisfaisante".
Pour le groupe Areva, "la sûreté du réacteur n'est pas mise en cause". Areva "soutient la démarche commune des autorités de sûreté nucléaire qui vont dans le sens d'une standardisation du contrôle-commande", a déclaré à l'AFP une porte-parole du constructeur.
La "renaissance du nucléaire est décapitée", s'est pour sa part réjoui le mouvement "Sortir du nucléaire", qui demande "l'annulation générale du programme EPR", et en particulier du chantier en cours à Flamanville et du réacteur prévu à Penly, dans le nord de la France.
"Sur le plan technique: les deux principaux réacteurs actuellement sur le marché, l'EPR français et l'AP 1000 américain, rencontrent de très graves difficultés, tant sur le plan de la sûreté que sur les chantiers déjà engagés", ajoute l'association anti-nucléaire dans un communiqué.
Destiné à devenir le premier réacteur EPR de troisième génération au monde, le réacteur d'Olkiluoto en Finlande, prévu initialement pour l'été 2009, accumule les retards et les dépassements de coûts. Son entrée en service pourrait être de nouveau retardée au-delà de juin 2012, a prévenu à la mi-octobre le commanditaire TVO.
Au Royaume-Uni, où les groupes français Areva et EDF se proposent de construire quatre réacteurs, leur sécurité avait été mise en cause dès le printemps par l'autorité britannique de régulation.
Une série de réunions de concertation à ce sujet entre responsables britanniques, finlandais et français de la sûreté nucléaire ont ensuite permis d'aboutir à la déclaration commune.