Le constructeur français PSA Peugeot Citroën, décidé à accélérer son développement international, est en négociation avec son partenaire japonais Mitsubishi Motors pour sceller une alliance qui aboutirait à la constitution du sixième groupe automobile mondial.
PSA a confirmé jeudi mener des discussions avec Mitsubishi Motors, révélées par la presse japonaise, expliquant qu'il examinait "l'élargissement" de leurs relations en vue d'un "partenariat stratégique".
Selon le journal économique japonais Nikkei, PSA s'apprêterait en fait à prendre le contrôle de 30 à 50% du capital de Mitsubishi Motors, en difficulté, et les deux groupes finaliseraient leurs discussions.
Un porte-parole de Mitsubishi a déclaré à l'AFP qu'"une alliance capitalistique (était) l'une des possibilités", mais que rien n'avait été décidé pour l'instant.
"C'est seulement le démarrage des discussions", a souligné de son côté un porte-parole de PSA, refusant de confirmer qu'elles portaient sur une prise de participation. Il a cependant rappelé que le président de PSA, Philippe Varin, avait déjà "indiqué que des alliances capitalistiques n'étaient pas à exclure".
Une alliance entre les deux constructeurs donnerait naissance au sixième groupe automobile mondial, avec des ventes de 4,45 millions de véhicules en 2008, selon le Nikkei.
"La taille a une vraie valeur dans cette industrie" et les deux groupes "sont assez complémentaires", "ça semble assez logique", note Carlos da Silva, analyste chez IHS Global Insight. "Philippe Varin avait annoncé clairement qu'il n'avait pas de tabou vis-à-vis de cela".
A son arrivée à la tête de PSA en juin, Philippe Varin a placé le développement international dans les pays émergents au centre de sa stratégie. Il s'est dit prêt à saisir toutes les opportunités de partenariat afin d'aller "plus vite" pour créer un groupe "plus mondial" alors que PSA, longtemps centré sur l'Europe, n'a réalisé en 2008 qu'un tiers de ses ventes hors du continent.
Selon le scénario évoqué par Nikkei, Mitsubishi pourrait émettre pour 200 à 300 milliards de yens d'actions nouvelles (1,5 à 2,3 mds d'euros) que PSA achèterait, ce qui lui donnerait entre 30 à 50% des parts du constructeur nippon.
Le français deviendrait le principal actionnaire de Mitsubishi dont il prendrait de facto le contrôle. PSA chercherait même à obtenir plus de 50% du capital, selon le journal, qui ajoute que Mitsubishi pourrait aussi prendre des parts chez son homologue tricolore.
Les deux constructeurs ont déjà noué des liens importants. Mitsubishi fabrique pour PSA des véhicules 4X4 sous les marques Peugeot et Citroën et va produire des petits véhicules électriques Peugeot et Citroën, dérivés de sa citadine électrique i-Miev, qui seront commercialisés fin 2010.
PSA et Mitsubishi construisent aussi une usine commune en Russie, à Kalouga.
Les deux groupes apparaissent complémentaires sur le plan géographique et en termes de produits: Mitsubishi est présent en Asie du Sud-est et aux Etats-Unis, où PSA est absent. Il a d'autre part développé les technologies du véhicule électrique et fabrique des modèles (4X4 ou pick-up) que le français ne produit pas.
Mais la situation financière de Mitsubishi est tendue depuis la crise. Le groupe a annoncé une perte nette de 36,4 milliards de yens (280 millions d'euros) au premier semestre 2009-2010. PSA a aussi enregistré une perte nette de 962 millions d'euros au premier semestre, mais a relevé ses prévisions pour le second.
Si le projet est réalisé, il s'agirait du premier investissement massif d'un constructeur automobile étranger au Japon depuis 1999, lorsque Renault avait pris 44% de Nissan.