Eurostar, le train à grande vitesse qui relie la France et la Belgique à la Grande-Bretagne depuis 15 ans, a fêté vendredi, à la gare londonienne de St Pancras, puis à la Gare du Nord à Paris, le voyage de son cent millionième passager.
"Ce passager s'appelle David Kemp, un Anglais qui vit à Londres. Et sa femme est française, ce qui est très symbolique: le parfait couple Eurostar", s'est réjoui le directeur général de la compagnie, Richard Brown, lors des célébrations, organisées en l'honneur du 100.000.000è client depuis l'ouverture du tunnel sous la Manche le 14 novembre 1994.
David Kemp, accompagné de sa femme Stéphanie et de leur fille Mia, est devenu le "Lord Kemp of Eurostar", selon M. Brown, en étant symboliquement élevé au rang de "Lord of Lochaber", -- Eurostar a acheté un terrain de dix mètres carrés dans les Highlands écossais pour l'occasion -- lors d'une cérémonie sur le quai de la gare, avant le départ du train de 9H01 pour Paris.
Au son de la cornemuse et entouré d'un contingent de "soldats de sa Majesté" coiffés de leurs fameux bonnets à poils, ce client régulier "vers Bruxelles pour le travail, et vers Paris pour voir ma belle-famille et nos amis français" s'est vu offrir un an de voyage gratuit illimité sur Eurostar, pour lui et sa famille.
Il a bénéficié d'un accueil similaire à son arrivée à Paris, en présence du président non exécutif d'Eurostar et patron de la SNCF Guillaume Pepy, et du ministre conseiller, représentant la Grande-Bretagne, Hugo Shorter.
A Londres, M. Brown a considéré qu'il s'agissait "d'une étape importante". "Car notre nombre de passagers n'a cessé d'augmenter depuis l'ouverture de la ligne à grande vitesse".
La mise en service, le 14 novembre 2007, de la High Speed 1, première ligne de train à grande vitesse au Royaume-Uni, a rapproché Paris à 2H15 de Londres, et Bruxelles à 1H51.
Malgré la diminution du nombre de passagers d'affaires due à la crise, Eurostar affirme avoir bénéficié de la dépréciation de la livre sterling, qui a rendu Londres "bien plus abordable", selon M. Brown.
Alors que le transport international de voyageurs doit s'ouvrir à la concurrence en Europe au 1er janvier 2010, M. Brown s'est dit "impatient".
"Nous avons déjà pris l'habitude avec les compagnies aériennes", a-t-il déclaré, "et nous détenons désormais 80% du marché voyageurs entre Paris et Londres".
"L'Eurostar, c'est une formidable aventure depuis son lancement en 1994. Paris et Londres se sont incroyablement rapprochées", a déclaré de son côté Guillaume Pepy ajoutant qu'il y avait même "une génération Eurostar" grâce aux 400.000 Français qui travaillent à Londres et aux 100.000 Britanniques qui ont une résidence en France".
Il a estimé qu'Eurostar avait "rendu à l'Europe sa vraie géographie en rapprochant Londres, Paris et Bruxelles".
Vantant la qualité écologique du train et sa ponctualité -- 95% des trains à l'heure selon lui --, M. Pepy a évoqué lui aussi la concurrence.
"Elle arrive et c'est légitime", a-t-il dit, estimant qu'elle permettrait à chacun de faire son choix et prouver qu'Eurostar est véritablement la meilleure compagnie à grande vitesse d'Europe".
"Londres ne pourrait pas être la sixième ville française sans l'Eurostar", a souligné M. Shorter.