Les effectifs dans l'industrie pharmaceutique en France seront sous le seuil des 100.000 salariés à la fin 2013, selon les prévisions publiées vendredi par le Leem, la fédération professionnelle du secteur, un niveau qui constitue "un message d'alerte".
"Un des éléments majeurs d'alerte, c'est que nous avons franchi négativement la barre fatidique des 100.000 emplois", mais "nous ne voulons pas accepter cela comme une fatalité", a déclaré le président du Leem, Patrick Errard, lors d'une rencontre avec la presse.
Le "baromètre emploi" 2013, réalisé par les cabinets BPI et Quadra+ pour le Leem, confirme la trajectoire de baisse des effectifs entamée en 2008.
Le Leem prévoit un recul de 2,1% en 2013 à 98.800 salariés, pour la sixième année de baisse consécutive. En 2012, la diminution avait été de 0,9%.Toutes les fonctions sont concernées cette année par la baisse des effectifs: -2,9% dans la recherche et développement, -1,1% dans la production, -1,8% dans la commercialisation et -4,4% dans les fonctions support et administratives.
Le Leem souligne que les effectifs de production (42% du total de la branche), auparavant orientés à la hausse, sont en repli depuis 2012. "Cette baisse, qui affecte également les effectifs des sous-traitants de production, constitue un retournement de tendance inquiétant", note la fédération.
"On a deux problématiques: maintenir les volumes de production en France (...) et attirer de nouveaux volumes pour garder l'emploi et le développer", a observé Pascal Le Guyader, directeur des affaires générales, industrielles et sociales du Leem.
S'agissant de l'emploi industriel, Patrick Errard a appelé le gouvernement à être "très attentif au prix des médicaments anciens, y compris des génériques". "En dessous d'une certaine barre, le fabriqué français n'est plus possible", a-t-il dit.
Concernant les biotechnologies, encore émergentes, le président du Leem souhaite que les pouvoirs publics fassent "attention" à ce que la France reste attractive et "attention à la taxation". Et "gardons la compétitivité technologique", a-t-il ajouté.
Le Leem mise aussi sur une tendance positive dans la recherche et développement, notamment dans les essais cliniques, mais à condition d'avoir "un choc de simplification administrative" et un accès au marché "simplifié".
La formation constitue le troisième volet de croissance pour l'emploi. Elle doit permettre d'"accompagner la mutation structurelle" du secteur de l'industrie pharmaceutique, estime le Leem.
La fédération précise que 26 plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) prévoyant 2.647 suppressions de postes ont, à ce jour, été annoncés en 2013. L'année dernière, 27 PSE avaient été annoncés concernant 4.438 postes. Les secteurs de la visite médicale et des fonctions support sont les plus touchés.
Les restructurations annoncées en 2012-2013 ont plusieurs raisons majeures: les fusions et acquisitions au niveau mondial, l'arrivée à échéance de nombreux brevets de médicaments, la réorganisation de la production ainsi que la R&D, et des cessations d'activité chez les PME et sous-traitants.
L'étude sur l'emploi montre "peu de facteurs" susceptibles d'avoir un impact favorable sur les effectifs. Le développement des exportations n'est par exemple jugé positif pour l'emploi que par une entreprise sur cinq.
Les industriels du médicament veulent cependant "jouer un rôle positif dans l'évolution de l'emploi", mais "on ne peut pas tenir le pari (...) si nous avons une fragilité qui s'installe dans ce secteur d'innovation et d'avenir", a prévenu Patrick Errard.
"La principale source de redressement des comptes sociaux, c'est la croissance de l'emploi (...) et non pas des prélèvements fiscaux tous azimuts qui produisent exactement l'effet inverse", a-t-il lancé.