La France est bien sortie de la récession au printemps avec une croissance confirmée de 0,5%, la plus importante depuis le début 2011, et quelques signes positifs du côté de l'investissement des entreprises.
Ce rebond de 0,5% du produit intérieur brut (PIB) hors inflation au 2e trimestre, confirmé dans une deuxième estimation diffusée vendredi par l'Institut national de la statistique et des études économiques, intervient après deux trimestres de recul de l'activité économique du pays.
Cette croissance plus élevée que prévu avait créé la surprise le 14 août mais elle devrait ralentir sur les deux derniers trimestres de l'année, selon les économistes.
"L'acquis de croissance", c'est-à-dire ce que serait la progression du PIB cette année en France si l'activité stagnait totalement aux deux derniers trimestres, est estimé à 0,1% par l'Insee. C'est aussi la prévision du gouvernement.
"Il est clair qu'on ne refera pas +0,5% au troisième trimestre, on part sur des taux de 0 ou 0,1%", estime Philippe Waechter, directeur de la recherche économique, chez Natixis Asset Management.
L'essentiel du saut de 0,5% provient des stocks des entreprises qui contribuent à hauteur de 0,2 point. "Ce n'est même pas un restockage, c'est un ralentissement du déstockage", explique pour sa part Eric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), "cela ne va pas se reproduire le trimestre suivant". Pour M. Heyer, la croissance sera nulle au troisième trimestre et de 0,2% au dernier.
Un chiffre a attiré l'attention des économistes: l'investissement des entreprises non financières, qui est stable après avoir baissé de 1,0% au premier trimestre. "Je me réjouis que l'investissement des entreprises soit stabilisé", s'exclame Philippe Waechter. Pour nombre d'économistes, la reprise annoncée le 14 juillet par le président de la République François Hollande ne sera vraiment là que quand les entreprises recommenceront à investir.
C'est sur cet espoir que l'OFCE fonde sa prévision de croissance pour 2014, "la plus optimiste" sur la place de Paris. Le consensus des économistes français table sur 0,8% de croissance et le gouvernement 0,9% en 2014.
Le risque de la croissance sans emplois
"Si nous prévoyons 1,3% de croissance pour 2014, c'est parce qu'on attend une petite reprise par l'investissement des sociétés non financières après sept mois de désinvestissement", dit M. Heyer à l'AFP.
"A partir du premier trimestre (2014), l'investissement va redevenir positif", prévoit-il.
Mais cette perspective d'une reprise par l'investissement du secteur productif est peu porteuse d'espoir pour l'emploi, selon les analyses de l'OFCE.
"Aujourd'hui les entreprises sont encore en surcapacité mais quand on lit bien les enquêtes de l'Insee, ces surcapacités sont surtout du côté de l'emploi et pas du côté du capital. C'est inquiétant pour l'emploi", estime Eric Heyer. "Notre diagnostic c'est qu'il y a eu des destructions d'emplois pendant la crise mais pas autant que la crise l'aurait réclamé", explique-t-il en estimant l'excès à 252.000 emplois.
"La croissance de demain sera moins riche en emplois. Les entreprises vont faire de la productivité et la productivité, c'est de la croissance sans emplois", lance-t-il.
La rentabilité des sociétés progresse, avec un taux de marge qui passe de 28,2% au premier trimestre à 28,5% au printemps, faible par rapport à celui de la plupart de leurs consoeurs européennes.
Le pouvoir d'achat individuel des ménages français, objet de batailles politiques, a vu sa progression ralentir au deuxième trimestre, à +0,4% contre +0,8% en début d'année. Ce coup de frein n'a pas empêché la consommation des ménages d'augmenter de 0,4% hors inflation.
Les dépenses publiques ont progressé de 0,7%. La consommation en valeur, c'est-à-dire inflation comprise, a augmenté de 0,3%, moins vite que le revenu nominal, conduisant à une augmentation du taux d'épargne. Particulièrement élevé en France, ce chiffre est passé de 15,9% du revenu disponible brut à 16,0% du premier au deuxième trimestre.
Le commerce extérieur a lui eu un effet nul sur l'évolution du PIB au deuxième trimestre.