Le Premier ministre portugais a annoncé vendredi un renforcement de la rigueur l'année prochaine alors que le Portugal, sous assistance financière, ne parvient pas à respecter ses engagements de réduction du déficit public.
M. Passos Coelho a annoncé en particulier une augmentation des cotisations à la Sécurité Sociale de la part des salariés des secteurs privé et public. En échange, il a prévu une baisse des cotisations patronales afin de favoriser l'emploi alors que le chômage dépasse déjà les 15% de la population active.
Les cotisations des salariés passeront ainsi de 11% à 18% tandis que celles des entreprises seront ramenées de 23,75% à 18%.
"Le gouvernement a décidé d'augmenter les contributions à la Sécurité sociale du secteur privé à 18% ce qui nous permettra en contrepartie de réduire les cotisations patronales fixées également à 18%", a dit le Premier ministre dans une déclaration à la Nation d'une vingtaine de minutes.
Cette déclaration est intervenue alors que la troïka (UE-BCE-FMI), représentant les créanciers du Portugal, examine à la loupe les comptes du Portugal à l'occasion d'une cinquième évaluation des mesures mises en oeuvre en échange du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros, accordé en mai 2011 par l'Union européenne et le Fonds monétaire internationale. Ses résultats sont attendus la semaine prochaine.
Jusqu'à présent les évaluations de la troïka se sont toujours soldées par des satisfecit permettant au Portugal d'acquérir, contrairement à la Grèce, l'image d'un "bon élève" appliquant à la lettre les recettes de ses bailleurs de fonds.
"Nous sommes perçus comme un pays fiable et qui mérite d'être soutenu", a d'ailleurs souligné M. Passos Coelho.
En échange du plan d'aide le Portugal s'est engagé à appliquer un programme de réformes et de rigueur qui a déjà donné lieu à des réductions de salaires des fonctionnaires et à des hausses d'impôts.
De nouvelles mesures d'austérité pour l'année prochaine étaient toutefois inévitables après que le Tribunal Constitutionnel eut rejeté en juillet dernier la suppression en 2013 des 13è et 14è mois de salaires des fonctionnaires, une mesure dont le gouvernement attendait un gain d'environ 2 milliards d'euros.
L'austérité a en outre mis à mal l'économie portugaise qui a reculé de 3,3% au deuxième trimestre alors que le gouvernement a prévu une contraction de 3% pour l'ensemble de l'année en cours.
Dans le même temps, le chômage, que le Premier ministre a qualifié d'"intolérable", devrait l'année prochaine atteindre, selon des prévisions officielles, le taux record de 16%.
La récession a également entraîné une chute des recettes fiscales, ce qui ne devrait pas permettre au gouvernement d'atteindre son objectif de ramener cette année le déficit budgétaire à 4,5% PIB.
Toutefois, la récente décision de la BCE d'acheter la dette des pays les plus fragiles est venue apporter une lueur d'espoir. Elle pourrait en effet permettre au Portugal de se refinancer sur les marchés de la dette à partir de septembre 2013, comme le gouvernement l'a prévu.
M. Passos Coelho n'a pas manqué de s'en féliciter, tout en assurant que son pays continuerait de respecter les engagements pris auprès de ses créanciers.
Mais les nouvelles mesures annoncées ont provoqué de vives critiques de la part du Parti socialiste, la principale formation d'opposition. "Le PS s'y oppose car elles dépassent toutes les limites de ce qui admissible", a ainsi déclaré le chef du groupe parlementaire socialiste Carlos Zorrinho.