par Tova Cohen et Laurence Frost
TEL AVIV/PARIS (Reuters) - PSA (PA:PEUP) s'apprête à tester des voitures électriques embarquant un générateur de recharge d'un type original, ont indiqué à Reuters des sources du secteur, le constructeur automobile français recherchant une solution grand public pour tenter de rattraper ses concurrents Toyota (T:7203) ou Renault-Nissan.
Selon les défenseurs de la technologie dite du "range extender" - ou prolongateur d'autonomie - pour laquelle la Chevrolet Volt de General Motors (NYSE:GM) fut pionnière en 2011, les ventes de ce dispositif sont appelées à croître car les générateurs essence perdront en poids et gagneront en rendement.
Ainsi équipées, les voitures électriques pourraient embarquer des batteries de plus petite taille, alors que leur poids et leur prix restent aujourd'hui des freins importants au développement de ce type de véhicule.
Aquarius Engines, une start-up israélienne, a indiqué qu'un grand constructeur européen, qu'il n'a pas nommé, avait accepté de financer la poursuite du développement et les tests sur route de son générateur à piston unique. PSA a confirmé son implication dans le projet.
"Nous sommes en train d'évaluer la technologie", a déclaré le directeur de la Recherche & Développement du groupe, Gilles Le Borgne. "Aucune décision n'est prise."
Sous l'impulsion du président du directoire Carlos Tavares, PSA a lancé un tout nouveau programme interne d'électrification de ses modèles - alors qu'il avait jusqu'ici uniquement misé sur l'hybride-diesel et la technologie électrique de Mitsubishi - avec pour ambition de commercialiser onze nouveaux modèles électriques et hybrides-essence d'ici 2021. Il a également exploré une autre voie originale, celle de l'hybridation à air comprimé, mais qui n'a jamais atteint le stade de la production en série.
UNE AUTONOMIE MEILLEUR MARCHÉ
Le "range-extender" peut constituer un bon moyen de prolonger l'autonomie d'une voiture sans faire décoller son prix, surtout sur un petit modèle. Selon Aquarius, le véhicule ainsi équipé coûterait environ 17.000 dollars (autour de 15.300 euros), contre 25.000 dollars pour un hybride classique et 40.000 dollars pour un électrique pur, une facture où la batterie pèse toujours pour moitié.
Plusieurs prototypes utilisant le générateur d'Aquarius seront testés sur route par son client début 2017, a ajouté la start-up.
Le prolongateur d'autonomie de l'ancienne Volt était un moteur essence classique de 1,4 litre, tandis que celui qui équipe actuellement l'i3 de BMW (DE:BMWG) est un bicylindre. Tous deux fonctionnent comme un générateur classique d'électricité.
Aquarius utilise un principe différent: le piston effectue des va-et-vient sans bielle ni vilebrequin et crée un courant par le biais d'un aimant se déplaçant à l'intérieur d'une bobine électromagnétique. Selon la start-up, le rendement énergétique est deux fois supérieur.
Toyota a présenté lui aussi en 2014 un projet de "générateur linéaire à moteur à piston libre", mais sans préciser ce qu'il comptait faire de cette technologie.
Renault (PA:RENA), précurseur dans l'électrique avec Nissan (T:7201), a son propre prototype de prolongateur d'autonomie, mais sans intention de l'utiliser.
"Nous allons prolonger l'autonomie (des voitures électriques) mais nous le ferons sans 'range extender'", a déclaré Arnaud Deboeuf, directeur de la holding de l'alliance.
Renault-Nissan, qui a lui aussi regardé le concept Aquarius mais décidé de ne pas donner suite, estime que l'ajout d'un moteur à essence, même de 600 centimètres cube seulement, fausse le concept de "zéro émission" et pourrait poser problème si le centre-ville, par exemple, est réservé à l'avenir aux seuls véhicules 100% électriques.
(Avec Edward Taylor à Francfort, Gilles Guillaume pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)