Samsung Electronics (KS:005930) a annoncé mardi qu'il envisageait de se scinder en deux entités distinctes alors qu'il est sous pression pour revoir son style de gouvernance dans une période cruciale de transition générationnelle au sommet.
Le géant sud-coréen cherche à assurer une transmission du pouvoir en douceur à Lee Jae-Yong, vice-président de Samsung Electronics et héritier présomptif du patriarche Lee Kun-hee, alité depuis une crise cardiaque en 2014.
Le sud-coréen, navire-amiral du conglomérat Samsung, tente de limiter la casse après le fiasco du Galaxy Note 7, censé être son produit phare mais dont les batteries se sont mises à exploser.
Dans un communiqué, Samsung explique qu'il envisage de diviser le groupe en deux: une société de holding et une unité opérationnelle. Il lui faudra au moins six mois pour étudier cette éventualité, ajoute le groupe.
Il dit aussi qu'il augmentera les dividendes versés aux actionnaires à plus de 4.000 milliards de wons (3,4 milliards de dollars) cette année, soit +30% sur un an.
- "Premier pas constructif" -
C'est "un premier pas constructif", a réagi dans un communiqué le fonds d'investissement américain Elliott, actionnaire minoritaire et activiste, qui réclame une meilleure gouvernance.
Pour autant, le fonds américain continue de mettre la pression sur Samsung et dit espérer "des changements plus importants à l'issue de l'examen de la structure de l'entreprise", annoncé mardi.
Elliott a proposé que Samsung soit scindé en deux entités indépendantes, avec d'un côté les activités financières et de l'autre les opérations industrielles. Le fonds, géré par le milliardaire Paul Singer, détient environ 0,62% du capital de Samsung Electronics.
Il plaide aussi pour une entrée de Samsung à la Bourse de New York et lui demande de verser aux actionnaires un dividende exceptionnel de 30.000 milliards de wons, soit 26 milliards de dollars.
"Nous anticipons des changements plus importants au terme de la revue de la structure de l'entreprise", a ajouté le groupe.
La famille dirigeante a souvent été critiquée pour l'opacité de sa gestion, un écheveau complexe de participations au travers desquelles elle contrôle le "chaebol" --dont elle ne détient en fait que 5%-- et pour manque de transparence.
"Samsung répond à une volonté ferme de voir restructuré son mode de gouvernance", a déclaré Lee Sang-Hun, analyste chez Hi Investment & Securities.
L'opération pourrait être menée à bien en mai ou juin 2017, a-t-il estimé. Mais le scandale politique de trafic d'influence qui secoue depuis des semaines la présidente Park Geun-Hye et implique aussi Samsung pourrait la retarder, prévient-il.
La confidente de l'ombre de Mme Park, Choi Soon-Sil, est accusée d'avoir extorqué de coquettes sommes d'argent à des conglomérats comme Samsung et la présidente est soupçonnée de complicité.
Samsung a versé la plus grosse somme --20 milliards de wons- et est également soupçonné d'avoir versé des millions d'euros à Mme Choi pour financer la formation équestre de sa fille en Allemagne.
Les enquêteurs du parquet ont mené des perquisitions au siège de Samsung et entendu plusieurs hauts cadres dirigeants, dont Lee Jae-Yong.
L'enquête s'est élargie et le parquet veut désormais aussi savoir si Samsung a soudoyé Mme Choi pour obtenir le feu vert du gouvernement à une fusion controversée réalisée en 2015.
Cheil Industries, la holding de fait du groupe, avait racheté C&T, filiale de Samsung présente dans les secteurs du commerce et de la construction.
Un nombre non négligeable d'actionnaires de C&T s'étaient opposés avec force à cette fusion, sous la houlette d'Elliott. Celui-ci faisait valoir que l'opération sous-estimait la valeur de la compagnie au détriment de ses actionnaires.