par Noëlle Mennella et Matthias Blamont
PARIS (Reuters) - Innate Pharma dispose des moyens nécessaires pour financer ses études cliniques sur le traitement des cancers par immunothérapie et pour rester ainsi indépendante, a déclaré à Reuters Hervé Brailly, président du directoire et directeur général de la société de biotechnologie.
Hervé Brailly a cofondé en 1999 cette entreprise qui conçoit et développe des anticorps thérapeutiques stimulant le système immunitaire afin qu'ils éliminent les cellules tumorales.
Le marché du traitement des cancers par immunothérapie, dominé par les grands groupes américains Bristol-Myers Squibb (BMS), Merck (NYSE:MRK), suisse Roche (SIX:ROG) et britannique AstraZeneca (LON:AZN), est estimé à quelque 33 milliards de dollars en 2022 par des analystes.
Pour y prendre place, Innate a conclu un accord de licence avec BMS concernant l'anticorps lirilumab qui, en combinaison avec le nivolumab de la société américaine, vient de livrer à la mi-novembre des résultats de phase I/II positifs dans le cancer de la tête et du cou, applaudit en Bourse.
Le lirilumab est également testé dans d'autres indications, notamment le cancer du poumon et la leucémie aiguë myélome, BMS prenant en charge la totalité du développement et versant à Innate Pharma des royalties.
Depuis début novembre, la progression du titre est spectaculaire, avec un gain de près de 34% qui a porté sa capital boursière à environ 775 millions d'euros. Il ne gagne toutefois que 5% depuis début janvier.
Selon les données Thomson Reuters, les analystes suivant la valeur sont en moyenne à "achat fort" avec un objectif de cours moyen de 20,77 euros (contre 14,26 euros en fin de séance vendredi).
La société marseillaise a également signé un accord de co-développement et de co-promotion avec AstraZeneca portant sur la combinaison de son anticorps monalizumab avec le durvalumad du laboratoire anglo-suédois pour traiter des tumeurs solides.
Enfin, Innate a paraphé avec Sanofi (PA:SASY) un accord pour un montant maximal de 400 millions d'euros permettant au groupe français d'accéder à sa plate-forme technologique pour produire des anticorps monoclonaux.
DU CO-DEVELOPPEMENT PLUTÔT QUE DE NOUVELLES LICENCES
"Nous avons 240 millions d'euros à la banque. En 2015 lorsque nous avons signé l'accord avec AstraZeneca on a reçu 250 millions de dollars de paiement initial sur une situation bilancielle qui était déjà forte. Ceci permet à l'évidence de progresser sans risques financiers sur nos différents produits", a déclaré Hervé Brailly.
Dans les prochaines années, si d'autres partenariats devaient être conclus ce serait plutôt dans le cadre de co-développement que d'accords de licence, souligne Hervé Brailly.
Cette question sera abordée "de manière pragmatique" tout comme celle de l'indépendance de la société, ajoute-t-il.
"Nous mettons tout en oeuvre pour que l'on soit une société biopharmaceutique intégrée indépendante mais je n'exclus pas le fait que, si une offre extrêmement attractive était faite aux actionnaires, elle soit examinée avec plus grande attention dans la mesure ou elle serait amicale", observe Hervé Brailly.
"La valeur de la société ne reflète pas encore le potentiel de ses programmes. Nous mettons tout en oeuvre pour pouvoir développer une société biopharmaceutique indépendante ce qui, pour l'actionnaire d'Innate, créera plus de valeur qu'une transaction qui interviendrait de façon précoce", souligne-t-il.
Les deux actionnaires principaux d'Innate Pharma Innate son Novo Nordisk (CO:NOVOb) (10,1%) et la BPI (8,2%).
(Edité par Jean-Michel Bélot)