Hervé Falciani, ancien salarié de la banque HSBC à Genève, accusé d'avoir dérobé des informations confidentielles, qui ont servi à alimenter partiellement la liste de fraudeurs détenue par Bercy, aurait tenté de les vendre notamment à des banques libanaises, selon Le Monde et Le Figaro.
Selon les deux journaux qui ont eu accès à la demande d'entraide judiciaire adressée en janvier 2009 par Berne à la France, M. Falciani, accompagné d'une informaticienne franco-libanaise qui travaillait avec lui, s'est rendu au Liban pour "démarcher d'éventuels clients en vendant des bases de données". Selon Le Monde, dans son édition datée de samedi, il s'agissait pour le couple "d'obtenir de l'argent pour financer le divorce d'Hervé Falciani avec sa femme".
Le journal indique que M. Falciani s'est rendu à Beyrouth en février 2008, sous un faux nom - ses cartes de visite étaient au nom de Ruben al-Chidiak - avec sa compagne.
Pendant une semaine de "vacances", ils sont allés voir "quatre banques dont une suisse au Liban". En fait, le couple cherchait "à vendre, pour un prix qui n'a pas été déterminé, la base de données" qui avait été constituée "par l'interception de fax et d'e-mails avec l'aide d'une tierce personne", précise Le Figaro.
"Les banquiers libanais semblaient intéressés", selon Le Monde, l'un deux ayant même confirmé que M. Falciani lui avait présenté, dans l'intention de la lui vendre, "un document comportant des listings de numéros de comptes, de numéros de fax, d'adresses et de positions".
"A l'issue de ce périple libanais, aucune transaction financière n'est pourtant réalisée", assure Le Monde et "à l'issue de leurs vacances (...) les deux salariés reprennent leurs postes à la HSBC Privat Bank, comme si de rien n'était", selon Le Figaro.
Les autorités helvétiques assurent que M. Falciani a tenté de vendre ses informations à plusieurs Etats. Elles ont ouvert le 29 mai 2008 une enquête contre lui. Interrogée en décembre 2008, sa collègue informaticienne l'aurait "lourdement chargé" selon Le Figaro indiquant avoir eu "des doutes", dès le séjour libanais, "quant à la légalité (du fichier présenté) compte tenu de l'attitude d'Hervé".
Quant à M. Falciani, il aurait reconnu que "personne n'a rien gagné dans cette affaire", selon Le Monde. Et ce serait à partir de cet échec de vendre ces listes au Liban que le couple aurai décidé de "tenter de le vendre à des services de renseignements", indique le quotidien.
D'aillers, des documents découverts lors d'une perquisition le 22 décembre 2008 au domicile de M. Falciani en France près de Menton où il s'est réfugié, ont démontré qu'il entretrenait des contacts avec "des autorités étrangères dans le secteur du renseignement et de la fiscalité", a révélé la ministre de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf, vendredi au cours d'une conférence de presse.