Les trois cadres dirigeants de Renault mis à pied dans l'affaire d'espionnage industriel sont convoqués mardi après-midi à des entretiens préalables à un éventuel licenciement, a-t-on appris lundi de sources syndicales.
Le premier entretien aura lieu en début d'après-midi, et les deux autres s'enchaîneront jusqu'en fin d'après-midi dans un lieu qui n'était pas arrêté lundi en fin d'après-midi, afin "d'éviter la présence des médias", selon une source syndicale.
Les deux premiers cadres seront assistés par la CFE-CGC, le dernier, Matthieu Tenenbaum, par la CFDT, comme l'autorise le Code du Travail.
La procédure avant un licenciement impose ces entretiens pour que la direction détaille ses griefs aux salariés visés et qu'ils puissent lui répondre. Si Renault décide une éviction, la direction devra ensuite respecter un délai de 48 heures avant de la notifier à ces salariés.
La CFE-CGC et la CFDT, qui affirment assurer leur "devoir de défense des salariés", ont eu de brefs échanges avec les trois cadres, qui ne sont pas syndiqués. Les cadres assurent "ne pas comprendre ce qui leur arrive", a précisé une source syndicale, estimant qu'ils doivent suivre en cela la ligne de défense dictée par leurs avocats.
"Nous serons là pour vérifier que la procédure de l'entretien se déroule normalement, que la réunion sera contradictoire", a ajouté la même source.
Par ailleurs, la direction du constructeur automobile ne communique que le minimum d'informations aux organisations syndicales sur cette affaire, d'après plusieurs sources syndicales.
Lundi après-midi en comité central d'entreprise (CCE), la CGT a demandé dans quelle mesure les organisations représentatives du personnel allaient être tenues au courant. La direction a répondu qu'elle ne communiquerait a priori que les informations légalement obligatoires, d'après ces mêmes sources.
"Si les faits s'avèrent avoir des conséquences graves pour l'activité, Renault avisera sur sa communication" aux instances du personnel, a précisé un syndicat, soulignant que "la direction nous a demandé à nous-mêmes la plus grande discrétion de façon à ne pas porter préjudice à l'image de l'entreprise".
Parmi le personnel, "il y a de l'émotion et des interrogations assez fortes sur la portée de cette affaire", a constaté Alain Masse (CGT). "Renault a fait un pari très fort sur le véhicule électrique, donc il serait dommageable que cette affaire casse cet élan", selon lui.
Renault a envoyé samedi aux salariés un message de la directrice ingénieries et qualité Odile Desforges, dont l'AFP s'est procuré copie, les appelant à "rester mobilisés et totalement focalisés sur le développement de nos véhicules pour préserver notre avance et les sortir sur le marché dans les délais et au niveau de qualité et de performance économique attendus".
D'après la CGT, "il y aura certainement des rappels au règlement rapidement" sur la confidentialité à laquelle sont tenus les salariés Renault. "Comme à la Société Générale avec l'affaire Kerviel, nous voulons voir comment de telles fuites ont pu se produire, et de quelle façon les éviter", a expliqué M. Masse.