Les ministres des Finances de l'UE ont adopté formellement mardi le plan d'aide de 85 milliards d'euros à l'Irlande, qui devient ainsi le deuxième pays de la zone euro après la Grèce à bénéficier d'un tel soutien extérieur.
Les ministres ont "adopté aujourd'hui une décision pour fournir une assistance financière à l'Irlande et une recommandation fixant les conditions attachées à l'aide", que Dublin doit remplir en échange du plan de sauvetage de l'UE et du FMI, ont-ils indiqué dans un communiqué.
Les grands argentiers de l'Union européenne s'étaient déjà mis d'accord le 28 novembre sur le principe de ce plan. Mais la décision devait encore être formellement validée.
Ils ont également précisé mardi les conditions attachées à l'octroi de cette aide. Le texte de recommandation qu'ils ont adopté "reprend les conditions prévues dans le programme, c'est-à-dire une restructuration du système bancaire de l'Irlande, des réformes favorisant la croissance et la réduction du déficit du gouvernement irlandais sous 3% du Produit intérieur brut d'ici 2015, étendant une précédente date butoir fixée à 2014", ont précisé les ministres dans leur communiqué.
L'UE a décidé de donner à Dublin un an de plus pour ramener dans la limite européenne autorisée de 3% du PIB son déficit public astronomique, qui devrait atteindre 32% cette année du fait des injections de liquidités consenties pour sauver les banques.
Le plan d'aide de l'UE et du FMI fera de l'Irlande le deuxième pays de la zone euro à recevoir un tel soutien, six mois après la Grèce qui a reçu une promesse de prêts de 110 milliards d'euros sur trois ans.
Il est destiné notamment à renflouer les banques de l'ancien "tigre celtique", à l'origine de la crise dans le pays.
Sur les 85 milliards d'euros de ce programme de prêts sur trois ans, 35 milliards seront destinés à ce seul secteur, criblé de dettes à la suite de l'éclatement d'une bulle immobilière qui a plongé le pays dans la récession et fait grimper le déficit public national à des sommets.
Les 50 milliards d'euros restants seront destinés à couvrir les besoins budgétaires de l'Irlande.
Comme pour la Grèce au printemps, il s'agit d'un effort commun UE-FMI.
Sur le total, 22,5 milliards d'euros seront fournis par le FMI, 22,5 milliards par un instrument de prêts de l'UE, et 22,5 milliards par le Fonds de stabilité de la zone euro et des prêts bilatéraux du Royaume-Uni, de la Suède et du Danemark, qui ne font pas partie de l'Union monétaire.
Dublin va aussi mettre la main au portefeuille. La moitié des mesures d'aide au secteur bancaire (17,5 milliards d'euros) sera financée par l'Etat irlandais.
Cette adoption formelle du plan par les ministres des Finances européens intervient alors que les députés irlandais entament ce mardi l'examen du budget pour 2011, qui prévoit des mesures d'austérité largement impopulaires, mais exigées au moins de manière implicite par l'Union européenne et le FMI en échange de leur aide.
Le processus d'examen de ce budget de rigueur risque de s'étaler jusqu'en février. Il représente le premier volet d'une cure d'austérité de 15 milliards d'euros.
Le gouvernement irlandais veut dégager 6 milliards d'euros dès l'an prochain sous forme de baisse des dépenses et de hausses d'impôts.
Le vote de ce budget par le Parlement irlandais n'est "pas une condition" formelle à l'aide internationale, mais il est "manifestement crucial", a indiqué une source diplomatique à l'AFP.