par James Pomfret
HONG KONG (Reuters) - L'administration hongkongaise a annulé les négociations prévues vendredi avec les représentants des étudiants qui ont manifesté par dizaines de milliers pour réclamer des élections libres et la démission du chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying.
"L'appel des étudiants à l'élargissement d'un mouvement hostile a ébranlé la confiance sur laquelle se fondaient nos discussions et un dialogue constructif sera impossible", a déclaré jeudi Carrie Lam, n°2 de l'administration.
Le mouvement de contestation s'essouffle depuis les heurts qui ont eu lieu la semaine dernière avec la police et des partisans du pouvoir chinois. Après l'annulation des négociations, Alex Chow, président de la Fédération hongkongaise des étudiants, a toutefois lancé un appel à la poursuite de l'occupation du centre-ville.
Le nombre de manifestants s'est réduit à quelques centaines répartis en divers endroits de la ville mais ils réussissent toujours à bloquer certaines grandes artères.
Avant l'annulation des discussions, le département hongkongais de la Justice avait invité le parquet à enquêter sur un versement de 6,4 millions de dollars (cinq millions d'euros) dont Leung Chun-ying aurait bénéficié de la part d'une société australienne.
D'après l'organe de presse australien Fairfax Media, la société d'ingénierie UGL a versé cette somme en 2012 et 2013 dans le cadre de son acquisition de DTZ Holdings, une société de conseil immobilier qui employait Leung en tant que directeur Asie-Pacifique avant que ce dernier ne prenne la tête de l'exécutif de Hong Kong, en juillet 2012.
Les services de Leung et UGL démentent toute malversation.
Ces soupçons rendent encore plus inconfortable la position de Leung à la tête de l'exécutif de Hong Kong, dont les manifestants démocrates réclament la démission.
Emily Lau, présidente du Parti démocratique, a déclaré jeudi à Reuters que son groupe parlementaire allait tenter d'obtenir la création d'une commission d'enquête au sujet de l'argent qu'aurait perçu Leung. Mais pour aboutir, une telle initiative devrait être approuvée à l'unanimité des 70 membres du Conseil législatif, au sein duquel les soutiens de la Chine sont majoritaires.
"Nous devons agir avec une très grande prudence. C'est une accusation très grave et nous devons l'examiner plus attentivement avant de prendre une décision sur une éventuelle procédure de destitution (...) même si nous ne l'exclurons pas", a dit Emily Lau.
Le Parti démocratique peut provoquer une paralysie politique de Hong Kong puisqu'il dispose des effectifs suffisants au Conseil législatif pour bloquer toute décision majeure.
(Avec Clare Baldwin, Greg Torode et Donny Kwok; Bertrand Boucey et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Marc Angrand)