Régulateurs boursiers et plateformes d'échanges se sont accordés mardi sur la nécessité de garde-fous harmonisés pour éviter un nouveau krach comme le plongeon historique qui a ébranlé Wall Street jeudi, dont le scénario commence à se préciser.
Les responsables des autorités de surveillance comme des principaux marchés boursiers étaient convoqués devant la commission chargée des marchés financiers à la Chambre des représentants à Washington, pour une audition à partir de 19H00 GMT. Les textes de leurs interventions préliminaires ont été diffusés à l'avance.
"Même si nous ne disposons pas encore de tous les éléments concernant ces événements, nous devons analyser rapidement ce qui s'est passé et mettre en place des réformes pour restaurer l'intégrité du marché et améliorer la confiance des investisseurs", a déclaré le démocrate Paul Kanjorski, qui préside la sous-commission des Marchés de capitaux, de l'Assurance et des Entreprises publiques à la Chambre des représentants.
"Les événements de la semaine dernière sont inacceptables", a affirmé la présidente du gendarme boursier, la Securities and Exchange Commission (SEC), Mary Schapiro.
La responsable de la SEC a prévenu: avec 17 millions de transactions à passer en revue pour la demi-heure concernée, "il faudra du temps" pour comprendre pourquoi et comment le Dow Jones a pu subir en quelques minutes, vers 14H45 le 6 mai, une chute de près de 1.000 points (plus de 9%), du jamais vu.
Ce qui semble établi, selon ses propos et ceux des responsables des principaux marchés, c'est que la débâcle a été accentuée par les divergences de fonctionnement entre les différentes plateformes boursières, alors qu'une même valeur peut s'échanger sur plusieurs plateformes.
Le marché subissant déjà des pertes importantes, l'opérateur de la Bourse de New York, le New York Stock Exchange (NYSE), a suspendu les échanges de certains titres, mais les échanges se sont poursuivis sur d'autres plateformes électroniques. En raison de la rareté des acheteurs à ce moment-là, les ordinateurs surpuissants programmés pour spéculer sur les marchés ont cherché à vendre à tout prix, ce qui a entraîné une chute spectaculaire de certaines actions.
Le Nasdaq et le BATS, la troisième plateforme américaine, ont en outre expliqué avoir connu des problèmes de liaison avec le NYSE, ce qui les a conduits à s'en isoler.
"Les régulateurs devraient exiger de toutes les plateformes d'échanges, et des centres de marchés, de mettre en place un mécanisme coordonné pour offrir une pause avant que le marché ne tombe en chute libre", a estimé Lawrence Leibowitz, directeur d'exploitation du NYSE.
Régulateurs et dirigeants des marchés se sont ainsi prononcés pour la mise en place d'un "coupe-circuit" unique pour tous les marchés, qui interromprait la cotation d'une action quand elle baisserait de manière trop prononcée.
"Si des coupe-circuits sont déclenchés pour un titre, la pause devrait s'appliquer pour tous les échanges, indépendamment du marché sur lequel les échanges ont lieu", a plaidé M. Leibowitz.
Les dirigeants de la Bourse électronique Nasdaq et du CME, le plus grand marché au monde de produits dérivés, ont eux aussi demandé un système de ce type.
Le vice-président du Nasdaq, Eric Noll, a cependant demandé "une approche flexible qui reconnaisse que différentes actions s'échangent de manières diverses, plutôt qu'une approche commune qui traiterait les actions de manière identique".
Il s'est déclaré par ailleurs favorable à un système prévoyant des interruptions de la totalité des échanges en cas de baisse supérieure à 5% de l'indice Standard & Poor's 500.
Un tel système n'existe pour l'instant qu'à partir d'une chute de 10% du Dow Jones, et n'est plus activé à partir de 14H30.