Les pays de la zone euro se réunissent pour un sommet extraordinaire mardi à Bruxelles, deux jours après le choc du référendum grec, afin d'explorer les minces chances de sauvetage d'une Grèce en état d'urgence financière.
A la veille de cette réunion cruciale, l'Allemagne et la France se sont efforcées de masquer leurs divergences d'approche du dossier et de présenter une position commune face au Premier ministre grec Alexis Tsipras, fort des 61,31% obtenus par le "non" au référendum sur le plan des créanciers de la Grèce.
Après des entretiens à Paris lundi, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel ont voulu montrer une certaine unité dans leur message à Athènes.
La chancelière a ainsi jugé "urgent" d'obtenir du gouvernement grec des "propositions tout à fait précises" tandis que le président français demandait des propositions "sérieuses".
Mais M. Hollande, fidèle à la position conciliatrice que veut adopter la France, a répété que la porte restait "ouverte" aux discussions et a insisté sur la notion de "solidarité".
Mme Merkel, elle, a estimé que la dernière proposition des créanciers de la Grèce (Commission européenne, BCE, FMI) était "généreuse". C'est précisément cette version qui a été rejetée massivement lors du référendum. La chancelière a aussi souligné qu'il fallait compter avec "les 18 autres pays de la zone euro", dont de nombreux petits pays franchement hostiles à la campagne anti-austérité de Syriza, le parti de gauche radicale de M. Tsipras.
Au même moment, le nouveau ministre grec des Finances, Euclide Stakalotos, déclarait que les Grecs "méritaient mieux" que la dernière offre en date des créanciers et qu'il ne voulait pas d'une solution "non viable".
Bien que plus sobre dans l'expression, il s'est ainsi montré sur la même ligne que son prédécesseur, le bouillant Yanis Varoufakis, dont la démission surprise avait pu nourrir l'espoir d'un dialogue plus apaisé entre Européens.
Le sommet exceptionnel de la zone euro doit débuter à 18h00 heure locale (16h00 GMT). Il sera précédé à 11h00 GMT par une réunion des ministres des Finances de la zone, qui doivent discuter des conséquences du "non" au plan des créanciers et de la mise en place éventuelle d'un troisième plan d'aide pour la Grèce.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker doit prendre la parole, pour la première fois depuis dimanche, lors d'une session du Parlement européen à Strasbourg dans la matinée.
- Asphyxie économique -
M. Tsipras, pour sa part, a cherché à consolider encore sa position, convoquant pour la première fois les dirigeants des partis d'opposition grecs ensemble.
Un texte commun est sorti de la réunion, à laquelle seul le parti néonazi Aube dorée ne participait pas. Il plaide pour la conclusion d'un accord couvrant les besoins de financement de la Grèce accompagné de réformes et d'efforts budgétaires "justement répartis".
Les banques grecques resteront fermées au moins jusqu'à mercredi, et les mesures de contrôle des capitaux seront maintenues. Cet état d'urgence financier empêche la banqueroute immédiate, mais aggrave de jour en jour l'asphyxie économique.
Lundi soir, une source du gouvernement grec a indiqué que M. Tsipras avait déclaré au président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi que les banques grecques, fermées pour empêcher leurs clients de vider leurs comptes, devraient rouvrir avec l'aide de la BCE.
M. Tsipras s'est également entretenu avec la directrice générale du FMI Christine Lagarde "de la nécessité de trouver une solution viable aux problèmes réels de l'économie grecque", selon cette source.
Les Etats-Unis ont exhorté lundi les dirigeants européens et ceux de la Grèce à trouver un compromis.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a appelé les parties "à se mettre d'accord sur un ensemble de réformes et un financement qui permettent à la Grèce d'être sur la voie d'une gestion durable de sa dette, mais aussi de la croissance économique".
Le président américain Barack Obama s'est entretenu lundi de la crise grecque avec M. Hollande, a indiqué la Maison Blanche.
Les deux hommes ont évoqué "l'importance de trouver la voie à suivre pour permettre à la Grèce de reprendre les réformes et de retourner vers la croissance (...) à l'intérieur de l'eurozone" et ont reconnu "que cela va nécessiter des compromis difficiles de tous les côtés", selon la présidence américaine.
Le FMI, l'un des acteurs majeurs d'une crise qui dure depuis 2010, a choisi la sobriété. "Nous surveillons la situation de près et nous nous tenons prêts à aider la Grèce si on nous en fait la demande", a déclaré Mme Lagarde.
Le FMI a pourtant contribué à entretenir la tension entre Athènes et ses créanciers en remettant avec fracas sur la table la semaine dernière la question d'une restructuration de la dette grecque. Il s'agit d'une revendication phare de M. Tsipras, mais d'une ligne rouge pour Mme Merkel, confrontée à une opinion publique à bout de patience alors que la Grèce est sous assistance financière depuis cinq ans.
Malgré cela, la chancelière ne va pas aussi loin que certains responsables européens, qui parlent ouvertement d'une sortie de la Grèce de la monnaie unique.