La Bourse de Paris a finalement bien résisté à une nouvelle semaine agitée, au rythme des incertitudes politiques en Italie et en Grèce, mais devrait rester dans les prochains jours extrêmement nerveuse face à d'éventuels soubresauts de la crise de la dette en zone euro.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40, l'indice vedette parisien, a repris 0,83% à 3.149,38 points, après avoir lâché près de 7% la semaine précédente.
L'impressionant rebond de vendredi (+2,76%), qui a permis au CAC 40 de passer dans le vert pour la semaine, laissait entrevoir des signes d'armistice entre la zone euro et le marché financier.
Le pic de la bataille avait eu lieu en milieu de semaine, avec pour principale victime les taux italiens, qui ont grimpé jusqu'à près de 7,5% mercredi pour l'échéance à 10 ans, plombant le poids de la dette de la troisième économie de la zone euro. Le même jour, le CAC 40 lâchait 2,17%.
Les taux italiens ont servi de "défouloir" aux investisseurs frustrés de l'absence de conclusions marquantes du sommet du G20 et frustrés de l'absence de réponse concrète et rapide aux problèmes de la zone euro, a expliqué Tangi Le Liboux, analyste chez Aurel.
Fondamentalement, "le marché est livré à des considérations politiques, très éloignés des considérations macroéconomiques. La volatilité reste forte parce qu'on est dépendant de choses qu'on ne maîtrise pas", explique Bertrand Lamielle, de B*Capital.
"Lundi matin, la première chose sera de voir ce qui s'est passé pendant le week-end" en Italie, renchérit M. Le Liboux.
Le vote par le Sénat italien vendredi du train de mesures exigées par Bruxelles, qui a soutenu la cote parisienne, a ouvert la voix à un scénario ordonné: vote du plan durant le week-end par la deuxième chambre du Parlement, démission du Premier ministre contesté Silvio Berlusconi, arrivée d'un gouvernement technocrate.
La Grèce de son côté a, après de nombreuses tractations, finalement annoncé la composition d'un nouveau gouvernement de coalition.
Les nombreuses publications trimestrielles d'entreprise parues au cours de la semaine sont globalement passées au second plan, malgré de bonnes surprises.
"Les bilans sont sains. On est plutôt surpris sur les marges où on attendait une répercussion de la hausse des prix des matières premières. De manière notable, les groupes de luxe ont sorti des résultats extraordinaires, et certains ont même relevé leurs prévisions pour l'exercice fiscal", relève Wilfrid Pham, directeur de la gestion actions chez Natixis.
"Les résultats n'ont pas été salués car il y a beaucoup trop d'incertitudes pour la fin d'année", ajoute-t-il toutefois.
Quelques publications de grands groupes sont encore attendues la semaine prochaine: Bouygues et ADP mardi, ou encore Vivendi mercredi.
Côté macroéconomie, les chiffres de la production industrielle en zone euro seront publiés lundi, et ceux de l'inflation mercredi. Les chiffres pour la France parus jeudi avaient montré une situation délicate: production en baisse et prix à la consommation en hausse.
Le marché se penchera sur la première estimation pour le produit intérieur brut de la zone euro mardi au troisième trimestre, alors que les experts de la BCE ont déjà revu en baisse cette semaine leurs prévisions pour 2011 (+1,6%) mais aussi pour 2012 (+0,8%) et 2013 (+1,6%).
Le CAC 40 a frôlé à la baisse les 3.000 points jeudi avant de rebondir un peu. Il avait franchi à la hausse ce seuil début octobre. "Les bourses ne sont pas chères", souligne Jean-Louis Mourier, d'Aurel.
"Aujourd'hui la prime de risque sur les marchés d'actions peut être réduite par un discours sur le fédéralisme européen. Ce que les marchés attendent, c'est que l'Europe parle d'une seule voix", estime Wilfrid Pham.