Après avoir été obnubilée par le dossier de la dette en zone euro, la Bourse de Paris devrait changer de thème la semaine prochaine, avec le début de la saison des résultats du 2e trimestre, les opérateurs espérant, à cette occasion, sortir du flou.
A l'issue de la semaine, le CAC 40 a perdu 2,34% pour terminer vendredi à 3.913,55 points. Depuis le début de l'année, l'indicateur phare de la place a gagné 2,86%.
Le marché a perdu du terrain suite à une mauvaise surprise sur l'emploi américain vendredi et après une semaine difficile au cours de laquelle il a vécu au rythme des développements sur la problématique de la dette souveraine en Europe.
La Bourse a été notamment suspendue aux conséquences des annonces des agences de notation. Dès lundi, Standard et Poor's a jeté un pavé dans la mare en indiquant que la Grèce risquait d'être confrontée à un défaut de paiement. Moody's a mis de l'huile sur le feu mercredi en s'attaquant au Portugal et en classant sa dette dans la catégorie spéculative. A cela se sont ajoutés les atermoiements de la communauté internationale sur la mise en place du deuxième plan de sauvetage de la Grèce et sur le rôle des banques.
"Mais dès lundi, le sujet de la Grèce et des dettes souveraines en Europe, devrait passer au second plan alors que s'ouvre le bal des publications de résultats du deuxième trimestre", prévoit Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia AM, faisant aussi remarquer que "le marché s'est focalisé avec parfois, beaucoup trop d'excès, sur la Grèce".
Il est temps de changer de thème, renchérissent de nombreux opérateurs dans les salles de marché. Ils regrettent "la prédominance de la politique sur les marchés financiers", et la déconnexion avec les résultats concrets des entreprises. "Les agences de notations tourmentent les marchés", soulignent les analystes de Saxo Banque.
La semaine prochaine devrait à cet égard rappeler le rôle primordial des entreprises dans l'évolution de la Bourse.
Comme d'habitude, c'est le sidérurgiste américain Alcoa qui va ouvrir le bal des publications trimestrielles. Suivront Goldman Sachs, Google, Mattel et Citigroup.
Autre thème qui devrait être mis en veilleuse la semaine prochaine, celui lié aux incertitudes macroéconomiques. Les boursiers seront moins attentifs aux indicateurs économiques car concentrés avant tout par les discours des dirigeants sur les résultats et surtout sur les perspectives.
Ils s'attacheront à vérifier si le "soft patch" (coup de mou) - nouvelle expression circulant dans les milieux financiers pour désigner une pause intermédiaire après un rebond économique -, se reflète dans les comptes trimestriels des groupes, indique M. Buzaré.
Car de nombreuses questions agitent les opérateurs et certains espèrent "dissiper ce brouillard" avec les résultats, souligne Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
Comment les entreprises ont intégré les soubresauts économiques du premier trimestre - hausse des prix des matières premières, perturbations liées à la catastrophe au Japon - , quelles seront les conséquences sur les prévisions de la fin de l'année? Les dirigeants vont-ils multiplier les avertissements sur résultats ou se montrer simplement moins ambitieux?
Autant d'interrogations qui seront de première importance pour le marché boursier, indique M. Murail.
A Paris, la semaine risque d'être, en terme de volume, calme avec une journée creuse le 14 juillet. Plusieurs indicateurs seront toutefois publiés avec notamment venant des Etats-Unis les prix des importations, les ventes de détail de juin, les prix à la consommation et l'indice de confiance des consommateurs de l'Univeristé du Michigan pour juillet.
En zone euro sera annoncée la production industrielle de mai, sans oublier la suite du feuilleton grec avec la réunion lundi à Bruxelles des ministres des finances.