La Bourse de Paris place tous ses espoirs la semaine prochaine dans un geste de soutien supplémentaire de la Banque centrale européenne qui pourrait lui assurer une belle fin d'année mais aussi créer de la déception.
"Tout le monde va attendre ce que la BCE va avancer jeudi. Son président Mario Draghi a tellement évoqué cette possibilité d'une détente supplémentaire que si l’institution ne fait rien ou trop peu, il y aura une grosse déception des investisseurs", résume Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.
"Les investisseurs attendent clairement des éléments factuels, la question est donc de savoir si la BCE ira au-delà du saupoudrage", estime aussi Renaud Murail, un gérant de Barclays (L:BARC) Bourse.
Selon lui, le risque de déception est certes présent mais "le marché ne croit pas que la BCE se limitera seulement aux effets d'annonces si elle veut vraiment répondre à sa préoccupation qui est de relancer l'inflation", complète-t-il.
Il est encore difficile de définir "ce qui pourrait être satisfaisant ou décevant", selon M. Mourier, dans tous les cas, "il ne faut quand même pas négliger l'impact du discours de M. Draghi", qui a rarement déçu les investisseurs ces trois dernières années.
Au bout du compte, si la BCE répond aux attentes des marchés, "cela pourrait libérer les indices européens et leur assurer une bonne fin d'année", estime M. Murail.
Avant cet événement majeur de la semaine et plus généralement de la fin d'année, l'attentisme devrait dominer du côté de la cote parisienne, les investisseurs ne se risquant pas à prendre des décisions clés avant d'être fixés sur les intentions de la BCE.
"En guise d'apéritif, les investisseurs auront quelques indicateurs à l'agenda en début de semaine", observe M. Mourier.
L'indice ISM d'activité dans le secteur manufacturier aux États-Unis, l'inflation en Allemagne en novembre sont ainsi à l'agenda tout comme les indicateurs PMI définitifs d'activité privée dans la zone euro et aux États-Unis pour le même mois.
- Emploi américain en dessert -
Passée cette réunion capitale, les marchés auront encore un morceau de choix avec le rapport mensuel sur l'emploi américain en novembre, publié vendredi.
"Depuis un mois, la majorité des statistiques vont dans le bon sens et valident l'idée que la Fed va agir dès sa réunion des 15 et 16 décembre", souligne M. Murail.
"Ces chiffres seront regardés de près, comme toujours, même si pour la réunion de décembre, les jeux sont sans doute déjà faits, car même de mauvais chiffres ne devraient pas remettre en cause la première hausse des taux directeurs qui se profilent du côté de la Fed", analyse M. Mourier.
Cette semaine plus que chargée devrait donc contraster nettement avec celle qui vient de s'écouler, où les volumes d'échanges ont été très limités sur la cote parisienne, la fermeture de Wall Street pendant une séance et demi (pour Thanksgiving) et un agenda européen dégarni ayant largement fait sentir leurs effets.
Aux cours des cinq séances écoulées, l'indice CAC 40 a pris 0,39% et terminé vendredi à 4.930,14 points. Ses gains depuis le début de l'année s'établissent à 15,39%.
"Cela a vraiment été une semaine de transition avec toujours un flux favorable même si les volumes n'étaient pas au rendez-vous avec la fête de Thanksgiving aux États-Unis", relève M. Murail.
Selon lui, "la tendance reste globalement positive pour les marchés européens car ils sont toujours poussés par un euro sous pression, un prix du baril du pétrole bas, des taux d'intérêt à des niveaux plancher, une économie réelle en amélioration graduelle et toujours en toile de fond le filet de sécurité des banques centrales".