La pression des marchés s'est accentuée jeudi sur l'Italie dont les taux se sont envolés à un nouveau record malgré l'adoption de mesures par le gouvernement Berlusconi, signe que les investisseurs doutent plus que jamais de sa capacité à faire face à la crise.
Juste avant le début du G20 à Cannes (sud-est de la France), les taux d'intérêt italiens à dix ans ont atteint en début de matinée un record historique à 6,402%.
En milieu d'après-midi, ils se repliaient autour de 6,2%, notamment sous l'effet de l'intervention de la BCE, mais restaient à un niveau difficilement supportable à terme pour le pays dont la dette s'élève à 1.900 milliards d'euros, soit 120% du PIB.
Le gouvernement Berlusconi, sous pression après une journée noire sur les marchés mardi, a pourtant adopté mercredi soir une partie des mesures destinées à relancer la croissance atone et à réduire la dette, promises la semaine dernière lors du sommet de Bruxelles.
Vente de biens immobiliers de l'Etat, libéralisation de certaines professions réglementées et des services publics locaux, relance des chantiers d'infrastructures, simplification des procédures administratives, relèvement de l'âge de la retraite: le Cavaliere a présenté ces mesures à Cannes.
Et selon une source gouvernementale, il a assuré à ses partenaires qu'il demanderait "la confiance du Sénat sur ces mesures" afin qu'elles soient adoptées d'ici "dix ou quinze jours".
Pour la presse et les analystes, ces mesures semblaient toutefois insuffisantes pour rassurer les marchés.
Le quotidien économique Il Sole 24 Ore a critiqué un "mini-plan", estimant que Silvio Berlusconi se rendait au G2O avec les "mains presque vides".
"Le marché attend l'adoption des mesures les plus urgentes comme la réforme du marché du travail", a souligné de son côté, Fabio Fois, économiste de Barclays Capital.
Selon le gouvernement, cette réforme, qui doit notamment permettre de faciliter les licenciements économiques, sera adoptée dans un deuxième temps car il veut en discuter avec les syndicats qui ont menacé d'une grève.
Mais les marchés jugent que dans tous les cas la majorité du Cavaliere, dont la cote de popularité a chuté à un minimum historique de 22%, est trop affaiblie pour adopter des réformes ambitieuses. "Le gouvernement est perçu comme ayant perdu sa capacité d'action", observe M. Fois.
Jeudi, six parlementaires du parti PDL de Silvio Berlusconi ont réclamé l'élargissement de la majorité, condition sine qua non pour qu'ils continuent à le soutenir.
L'opposition a toutefois fixé la démission du Cavaliere comme préalable à la formation d'un gouvernement d'union nationale pour sortir l'Italie de la crise.
"Tout le monde a compris, sauf l'intéressé, que le problème n'est pas le médicament, qui peut être amer, mais le médecin. Le président du Conseil n'en prend pas acte", a lancé le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, ex-dauphin du Cavaliere, dans l'opposition depuis fin 2010.
"Il n'y aura pas de gouvernements issus de manigances de palais", a rétorqué Angelino Alfano, secrétaire du PDL, affirmant que l'exécutif durerait jusqu'à la fin de la législature en 2013 avec Silvio Berlusconi à sa tête.
Malgré l'adoption cet été de mesures d'austérité draconiennes qui doivent permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013, et les promesses de réformes, l'Italie ne parvient pas à rassurer les marchés qui ont de plus en plus peur qu'elle ne soit la prochaine victime de la crise.
A tel point que le rachat de dette italienne par la BCE, décidé en août pour calmer les marchés, n'a pas empêché les taux de bondir ces dernières semaines.
Interrogé sur la possibilité de voir la BCE augmenter ses rachats, le président de la banque centrale, l'Italien Mario Draghi, a appelé les gouvernements à ne pas trop compter sur son institution pour résoudre la crise.