L'activité économique en France au premier semestre 2011 connaîtra une "accélération" sans pour autant infléchir la courbe du chômage qui restera "stable" à un "niveau élevé", ni doper le pouvoir d'achat dont la progression s'annonce "modérée", selon l'Insee.
"Dans notre scénario, les chocs passent, l'activité résiste", a résumé Sandrine Duchêne, chef du département de la conjoncture de l'Institut national de la statistique en commentant sa nouvelle "note" publiée jeudi.
L'Insee table sur une "accélération de l'activité début 2011" en France avec un "rebond" de 0,6% de la croissance au premier trimestre (par rapport au dernier trimestre 2010), porté par l'industrie manufacturière, suivi d'un "ralentissement" à 0,4% au deuxième.
La France se situerait ainsi en milieu de tableau européen avec l'Allemagne en pole position (1,1% au premier trimestre, 0,6% au deuxième, selon l'Insee). Dans un entretien à l'AFP jeudi soir, la ministre de l'Economie Christine Lagarde s'est félicitée de cette "révision à la hausse de la prévision initiale (de l'Insee) sur le premier trimestre, multipliée par deux".
Elle a par ailleurs revu en baisse, la prévision de déficit public français pour 2011, ramenée à 5,7% du Produit intérieur brut (PIB) contre 6% auparavant.
Pour atteindre 2% de croissance en moyenne annuelle - la prévision du gouvernement réaffirmée jeudi par le Premier ministre François Fillon -, la France devrait afficher 0,7% à chacun des troisième et quatrième trimestres, a observé Jean-François Ouvrard, chef de la division "synthèse conjoncturelle".
Une nouvelle embellie de la conjoncture serait donc nécessaire.
Globalement, l'Insee estime que les "chocs négatifs" qui ont affecté les économies avancées ces derniers mois - séisme au Japon, flambée des cours du pétrole et des matières premières, difficultés des pays émergents à juguler la surchauffe inflationniste - vont s'estomper.
Selon l'institut, l'économie française aura bénéficié d'un "rebond des exportations en début d'année" dans un environnement international jugé "porteur" par Mme Duchêne. L'Insee compte aussi sur un rattrapage "ponctuel" dans les travaux publics, après un hiver rigoureux.
La consommation des ménages serait favorisée en début d'année par les effets de "traîne" de la prime à la casse, avec la livraison de véhicules commandés avant le 31 décembre 2010.
La France enregistrerait un solde de 76.000 créations d'emplois au premier semestre 2011, avec un taux de chômage qui se stabiliserait à 9,1% en métropole en fin de période contre 9,2% au quatrième trimestre 2010.
Le pouvoir d'achat des ménages progresserait à peine (+0,1%) au premier trimestre 2011, avant 0,3% au deuxième.
Il serait plombé par le "regain d'inflation" constaté après le choc pétrolier de ces derniers mois. Sandrine Duchêne l'espère cependant "derrière nous, sous réserve que le prix du pétrole ne s'emballe pas".
En revanche, estime-t-elle, le "choc" à venir portera vraisemblablement sur les produits alimentaires.
"La hausse des matières premières a été peu répercutée, singularité française", relève-t-elle, et sa répercussion sur les prix à la consommation devrait donc intervenir dans les prochains mois.
Selon l'Insee, l'inflation serait ainsi de 1,9% en un an en juin contre 1,8% en décembre.
L'Insee note qu'un certain nombre d'aléas pourraient affecter ses prévisions, commme les tensions sur les dettes souveraines européennes.
"La crise actuelle nous semble très localisée au Portugal", note cependant Sandrine Duchêne, jugeant "les risques de contagion à l'ensemble des dettes souveraines de la zone euro moins importants qu'il y a quelques mois".