La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a plaidé dimanche à la télévision américaine pour ne pas "laisser tomber l'Europe", expliquant que les intérêts économiques des Etats-Unis et de la zone euro étaient liés.
"Laisser tomber l'Europe, cela signifiera, si cela doit arriver, des conséquences importantes et négatives pour beaucoup d'autres économies, y compris les Etats-Unis d'Amérique", a affirmé Mme Lagarde lors de l'émission "60 minutes" sur la chaîne CBS, le magazine d'information le plus regardé du pays.
"Vingt pour cent des exportations américaines vont vers l'Europe. Il y a une interconnexion très forte entre banques américaines et banques européennes. Il y a plein de salariés européens employés par des entreprises américaines, et plein de salariés américains employés par des entreprises européennes", a-t-elle souligné.
La classe politique américaine se montre de plus en plus sceptique sur l'opportunité de soutenir l'effort du FMI pour financer les Etats de la zone euro en difficulté.
Un article de la loi de réforme de la régulation financière américaine, promulguée en juillet 2010, interdit aux Etats-Unis de soutenir des prêts du FMI "dont le remboursement intégral est improbable". Certains parlementaires estiment que c'est le cas concernant la Grèce, et que les Etats-Unis risquent de perdre de l'argent.
Pour Mme Lagarde, ce risque est nul.
"Nous essayons d'éteindre l'incendie. Et nous le faisons avec des règles et des fonds disponibles qui sont toujours remboursés. En d'autres termes, nous disons à un pays: nous allons vous prêter de l'argent, vous soutenir, vous aider à vous sortir de cette crise, mais il faut que vous régliez vos problèmes", a-t-elle souligné.
Le scepticisme vis-à-vis du FMI au Congrès incite le gouvernement américain à s'opposer pour le moment à toute augmentation des ressources de l'institution, alors que certains Etats membres les jugent potentiellement insuffisantes face à l'aggravation de la crise de la dette publique en zone euro.
Interrogée sur sa perception de la crise économique dans le monde, la dirigeante du FMI l'a qualifiée de "situation très grave, sans précédent de nombreuses manières".
"C'est dans la continuité de 2008. Il faut le dire. C'est le même processus qui se déroule sous nos yeux", a-t-elle expliqué.
Selon elle, il est possible d'arrêter l'engrenage de ralentissement de la croissance et de hausse de la dette publique. "Je veux être désespérément optimiste, et je veux croire que les pays comprendront qu'ils peuvent en fait changer le cours des choses", a-t-elle dit.
Cependant, elle a prédit une issue inquiétante dans le cas contraire: "une croissance enlisée, un chômage élevé, potentiellement des troubles sociaux en conséquence, et des marchés financiers en plein désarroi".
"Parfois la vérité n'est pas plaisante quand il faut passer par des plafonds de dette, de la réduction du déficit et tout le reste", a-t-elle relevé.