Le chômage a continué de monter en flèche en septembre, le nombre de demandeurs d'emploi grimpant à un niveau jamais vu depuis près de douze ans, sur fond d'un brutal ralentissement de la croissance qui ne laisse pas présager d'une embellie.
Après trois mois de hausse (mai-juin-juillet) et une stabilisation en août, le nombre des demandeurs d'emploi sans activité a progressé en septembre de 0,9%, à 2,780 millions de personnes, le plus haut niveau depuis janvier 2000.
Depuis le début de l'année, 58.000 demandeurs supplémentaires dans cette catégories se sont inscrits sur les listes de Pôle emploi, selon les données mercredi du ministère du Travail.
En incluant ceux qui ont exercé une activité réduite, le total des personnes en quête de travail a grimpé à 4,175 millions personnes (+0,7%), soit 27.600 de plus qu'en août et 130.000 de plus depuis le début de cette année.
Avec les départements d'outremer, la France compte au total 4,441 millions de demandeurs d'emploi.
A six mois de l'élection présidentielle, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a immédiatement "pris acte de ces mauvais chiffres" qui sont liés, selon lui, au "ralentissement de l’activité".
Le gouvernement s'apprête à réviser en baisse de manière drastique sa prévision de croissance pour 2012 (actuellement à 1,75%). Le consensus des économistes mise sur seulement 0,9% et certains analystes évoquent même une possible entrée en récession alors qu'un sommet crucial se tient à Bruxelles pour tenter de sauver la zone euro.
Pour Stefano Scarpetta de l'OCDE, "le ralentissement de la croissance et les incertitudes sont les deux facteurs qui font que les entreprises sont très réticentes à embaucher davantage, même celles qui ont des performances plutôt bonnes". "La question est désormais de savoir si le chômage va augmenter ou rester stable à un niveau élevé", affirme-t-il à l'AFP.
"C'est une situation assez dramatique. On n'est absolument pas dans un retournement de tendance du marché de travail avec une perspective d'amélioration", estime Mathieu Plane de l'OFCE. Selon lui, "avec une croissance anémique, le taux chômage devrait progresser à 9,3% fin 2011, et à 9,7% fin 2012", contre 9,2% au deuxième trimestre.
Le plus grave, selon lui, est que "le chômage repart de façon assez forte à la hausse alors qu'on n'a pas du tout absorbé les chômeurs supplémentaires de la crise" de 2008-2009. Dès lors, "les nouveaux chômeurs s'ajoutent aux anciens, avec le risque d'une hausse du chômage de longue durée".
Le nombre de chômeurs de longue durée (plus d'un an) est en effet en nette hausse de 0,7% sur le mois et de 7,7% sur un an, touchant 1,593 millions de personnes.
Les seniors (plus de 50 ans) sans activité en quête d'emploi sont aussi plus nombreux (+2,1%) à 572.000 de même que les jeunes de moins de moins de 25 ans (+0,6%, à près de 438.000). En revanche, les jeunes ayant exercé une activité réduite sont moins nombreux (-0,5%) à 625.000.
Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi (COE, placé auprès du Premier ministre) appelle à une "augmentation significative des volumes et de la qualité des emplois aidés". "Ces emplois, souvent décriés, peuvent être très utiles" en période de "ralentissement de la croissance", déclare-t-elle à l'AFP.
Pour Laurent Berger (CFDT) "les chiffres du chômage sont une nouvelle fois très préoccupants pour ne pas dire catastrophiques". "Il est grand temps de réagir", a-t-dit à l'AFP exhortant le gouvernement à mettre "les partenaires sociaux autour de la table" pour déterminer les "mesures urgentes" à prendre.
Le PS a fustigé de son côté "la multiplication des politiques confuses et improvisées" du gouvernement.