Le FMI a appelé mardi les gouvernements de la planète à réduire leur dépendance au dollar, fragilisant le système monétaire international déjà éprouvé par la crise, en introduisant d'autres monnaies comme l'euro ou le yen dans leurs réserves de change.
"Un certain nombre de mesures peuvent être prises pour renforcer les systèmes monétaires internationaux", notamment une meilleure surveillance des flux de capitaux, des filets de sécurité financiers plus importants et une plus grande utilisation des droits de tirages spéciaux, a souligné Dominique Strauss-Kahn, le patron du Fonds monétaire international à l'issue d'une conférence de banquiers centraux à Zurich.
Ces mesures incluent notamment "un usage plus large d'actifs alternatifs de réserve, par exemple en euro ou yen ou yuan", ce qui pourrait produire l'effet "d'une soupape de sécurité", a précisé M. Strauss-Kahn.
Une autre option pour réduire la dépendance au dollar serait l'usage plus répandu des droits de tirages spéciaux (DTS), considéré comme plus stables. Le DTS est un instrument de réserve international créé par le FMI en 1969 pour compléter les réserves officielles existantes des pays membres.
Sa valeur est basée sur un panier de quatre grandes devises. Les DTS peuvent être échangés contre des devises librement utilisables.
Mais la conférence portant sur le système monétaire international sous l'égide du FMI et de la Banque nationale suisse (BNS) a été principalement dominée par la crise grecque et les déboires de l'euro qui ont nécessité des mesures exceptionnelles de l'Union européenne et l'intervention des banques centrales dont la Banque centrale européenne (BCE) le week-end dernier.
"Je n'ai aucun doute sur le fait que le programme mis en place par les Européens avec notre soutien pour aider la Grèce est un programme qui va sortir la Grèce de ses problèmes", a insisté M. Strauss-Kahn.
"C'est un programme très difficile" et "dur" en raison des réformes structurelles demandées à Athènes, mais "c'est la bonne solution pour remettre (la Grèce) sur les rails", a-t-il ajouté.
Ces réformes, qui prévoient de réduire le déficit public d'environ 30 milliards d'euros d'ici 2014, "vont prendre un certain temps, mais la demande (intérieure et extérieure) va remonter. Cela permettra à la Grèce de sortir de cette situation très difficile", a-t-il précisé.
Cette réunion intervient également alors que parallèlement aux banques centrales, l'UE a mis en place dans la nuit de dimanche à lundi un plan de secours historique de la zone euro avec l'aide du FMI, destiné à calmer les marchés affolés par la gravité de la situation de la Grèce et les risques de contagion à d'autres pays tel que l'Espagne et le Portugal.
Ces annonces ont provoqué lundi une euphorie sur les places mondiales qui avaient dévissé vendredi soir. La frilosité était de retour mardi, les investisseurs anticipant que les mesures mises en place auront un coût politique et social important. Notamment en raison de la nécessité pour les gouvernements d'assainir au plus vite leurs finances, comme l'a rappelé mardi le gouverneur de la Banque d'Italie Mario Draghi.
"Pour l’Europe toute entière, il n’y a pas d’alternative à la consolidation des comptes publics et à la reprise de la croissance, que l’on obtient grâce aux réformes structurelles", a-t-il averti.
"La BCE (...) est en train de rétablir certains marchés qui avaient cessé de fonctionner pour les titres (de dette) d'un certain nombre d'Etats", a-t-il ajouté.