Le géant russe Gazprom a annoncé mardi avoir enregistré au premier trimestre un résultat net de plus de 11 milliards d'euros, un des bénéfices les plus élevés jamais atteints par une entreprise dans le monde, grâce à la reprise de la demande et la hausse des prix.
Le bénéfice net a bondi sur les trois premiers mois de 2011 de 44% par rapport à la même période l'année dernière, pour atteindre 468 milliards de roubles (11,2 milliards d'euros), a indiqué le groupe dans un communiqué.
Le chiffre d'affaires a, lui, bondi de 38% à 1.316 milliards de roubles (31,5 milliards d'euros).
Ces résultats sont supérieurs à ce que prévoyaient les analystes. Les experts interrogés par l'agence financière Dow Jones Newswires tablaient sur une hausse de 31% du bénéfice net à 427 milliards de roubles et de 33% du chiffre d'affaires.
"Il s'agit de résultats trimestriels record dans toute l'histoire de Gazprom", commente Sergueï Vakhrameev, analyste de la banque d'investissement Metropol, interrogé par l'AFP.
Déjà, en 2010, le groupe avait engrangé un bénéfice net annuel record de 23,8 milliards d'euros (968,56 milliards de roubles), effaçant les mauvais souvenirs de 2009, année au cours de laquelle le groupe avait été frappé de plein fouet par la crise économique mondiale et la chute de la demande en gaz.
En juin dernier, lors de l'assemblée générale du groupe, le PDG de la compagnie, Alexeï Miller, avait souligné que la page de la crise était définitivement tournée et que de nouveaux horizons s'offraient désormais à ce groupe, véritable pierre angulaire de l'économie russe.
L'empire Gazprom, bâti sur des structures de production datant de l'époque soviétique, contrôle en effet plus d'un quart des réserves mondiales de gaz et représente environ 8% du PIB russe, fournissant un quart de la consommation européenne de gaz.
Selon les analystes de la banque VTB Capital, ces résultats trimestriels sont notamment dus à la reprise de la demande européenne en gaz, du fait d'"un hiver anormalement froid et long", et de la hausse des prix.
Les revenus tirés des ventes de gaz ont augmenté de 42% par rapport aux trois premiers mois de 2010, à 870 milliards de roubles (20,8 milliards d'euros), en raison d'une hausse des volumes vendus mais aussi des prix dans toutes les zones géographiques dans lesquelles Gazprom opère.
Toutefois, "il y a comme toujours avec Gazprom un problème avec le gonflement des frais d'investissement", qui sont passés de 218,6 milliards de roubles au premier trimestre 2010 à 397,4 milliards de roubles au premier trimestre 2011, souligne Ekaterina Rodina, de VTB Capital.
Elle prévoit toutefois pour le deuxième trimestre des "résultats solides".
Le groupe a déjà revu à plusieurs reprises à la hausse ses prévisions pour 2011 et table maintenant sur des exportations vers "l'étranger lointain" (terme employé pour désigner l'Europe et les autres pays, à l'exclusion des pays de l'ex-URSS) de 155 à 158 milliards de mètres cubes sur l'ensemble de l'année.
M. Miller avait souligné en juin que de "véritables mouvements tectoniques" avaient lieu sur les marchés énergétiques, provoqués notamment par la catastrophe à la centrale japonaise de Fukushima, poussant plusieurs pays, dont l'Allemagne, à revoir leur programme nucléaire.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a elle-même récemment prédit dans un rapport un "âge d'or" pour le gaz, abondant, meilleur marché et plus propre que d'autres énergies.