Le gouvernement met la dernière main à un vaste plan de développement du transport ferroviaire de marchandises, alors que la SNCF est sur le point d'annoncer une réforme à haut risque de son activité fret qui met les syndicats sous tension.
Dans le droit fil du Grenelle de l'environnement, le gouvernement souhaite favoriser le report du transport de marchandises des camions vers les trains et s'apprête à annoncer un plan d'investissement de plusieurs milliards d'euros.
Selon le Figaro, le gouvernement devrait dévoiler dès mercredi une enveloppe de 5 milliards d'euros consacrée au développement du transport ferroviaire de marchandises, un projet baptisé Fret d'avenir.
Les arbitrages entre l'Elysée et le ministère de l'Ecologie, en charge des transports, se poursuivaient cependant mardi sur le montant et la date de son annonce, selon des sources proches du dossier interrogées par l'AFP. Une annonce pourrait intervenir en conseil des ministres mercredi, précise-t-on.
Interrogés par l'AFP, ni le ministère de l'Ecologie, ni la SNCF n'ont souhaité commenter ces informations. Matignon et l'Elysée n'avaient pas non plus réagi aux sollicitations de l'AFP mardi en début d'après-midi.
Ce vaste programme devrait être financé par le grand emprunt national annoncé au printemps par Nicolas Sarkozy pour 2010, précise le quotidien, qui n'exclut pas que l'enveloppe puisse atteindre 7 milliards d'euros.
Le dossier du fret est l'un des chantiers majeurs du PDG de la SNCF Guillaume Pepy, inscrit dans sa lette de mission début 2008. La SNCF remet le dossier sur la table, alors qu'une précédente réforme des conditions de travail dans le fret a dû être enterrée en novembre après une grève des cheminots.
Par le biais de son plan de développement du fret, le gouvernement se donnera les moyens de s'approcher de son objectif ambitieux de faire passer la part de marché du rail face à la route de 14 à 25% d'ici 2022, fixé par le Grenelle de l'environnement.
Dans le même temps, le plan Fret d'avenir devrait permettre à la SNCF de désamorcer les critiques des syndicats l'accusant de vouloir démanteler le fret au moment où le gouvernement affiche sa volonté de favoriser le recours au rail, moins polluant que la route.
Le plan n'a pas pour vocation de combler les déficits que la SNCF accumule dans ce secteur, mais servirait à financer quatre projets: les autoroutes ferroviaires (transport des camions par train), des TGV pour le fret, l'alliance du train et des cargos et la création d'entreprises locales de fret.
Frappé de plein fouet par la crise, le fret SNCF devrait perdre 600 millions d'euros cette année, après un déficit de 340 millions d'euros en 2008.
Après avoir commandé un audit et multiplié les contacts avec les syndicats, la SNCF s'apprête de son côté à présenter ses projets de réorganisation pour le fret lors du comité central d'entreprise et de son conseil d'administration les 22 et 23 septembre.
Parmi les projets à l'étude figure l'abandon de 50 à 70% du trafic du wagon isolé (transport de marchandises sur mesure sur une partie d'un train). Cette formule, qui concurrence directement les camions, ne représente que 6% du chiffre d'affaires du groupe mais 65% de ses pertes.
La SNCF planche aussi sur la création de filiales pour certains trafics (sans statut de cheminot pour leur personnel), un projet très contesté par les syndicats.
Ceux-ci redoutent que cette réorganisation se traduise par 4 à 6.000 suppressions de postes dans le fret sur environ 14.000. Les cheminots concernés ne risquent toutefois pas de licenciement, ils seraient réaffectés à d'autres secteurs de la SNCF.