L'entreprise japonaise d'équipement domestique Lixil va prendre le contrôle du principal fabricant européen de sanitaires, l'allemand Grohe, une transaction de près de 3 milliards d'euros qui va donner naissance à un géant mondial du secteur.
Le groupe allemand a annoncé depuis Düsseldorf (ouest de l'Allemagne) un accord pour céder 87,5% de son capital à Lixil et à la banque de développement du Japon, une institution publique qui soutient les acquisitions d'entreprises nippones à l'étranger.
Cet accord signé avec les propriétaires de Grohe, le fonds d'investissement américain TPG et la filiale de capital-investissement de la banque helvète Credit Suisse DLJ, valorise Grohe à 3,06 milliards d'euros, selon un communiqué. La transaction doit être réalisée au premier trimestre 2014.
"Elle représente le plus gros investissement jamais effectué en Allemagne par une entreprise japonaise", a souligné Grohe.
Combinées, les activités sanitaires des deux groupes nippon et allemand devraient générer plus de 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an, ce qui placerait Lixil en tête du secteur dans le monde devant son compatriote Toto.
"Grohe est l'une des marques les plus connues dans le marché mondial des sanitaires", a déclaré le président de Lixil, Yoshiaki Fujimori.
"Faire entrer Grohe dans la famille Lixil nous permet de progresser encore davantage pour mettre sur pied une plateforme de premier rang dans l'industrie mondiale des sanitaires tout en renforçant notre réseau de distribution en Asie", a-t-il ajouté.
Sites de production supplémentaires
Cette acquisition s'inscrit dans le cadre de la stratégie d'expansion internationale de Lixil, qui a nettement rehaussé ses ambitions hors du Japon depuis sa renaissance sous ce nom en 2011, à la suite du rapprochement de sociétés aux marques plus connues comme Inax et Tostem.
Sites de production supplémentaires
Sur le plan des sanitaires stricto-sensu, Lixil veut concurrencer son concurrent japonais Toto, tant dans l'archipel qu'au-delà. Pour ce faire, Lixil avait annoncé il y a à peine trois mois l'acquisition pour 542 millions de dollars (400 millions d'euros) du groupe American Standard, qui possède 14 sites de production en Amérique du nord.
Via Grohe, Lixil met la main sur neuf sites de production supplémentaires, dont trois en Allemagne et trois en Chine, où le groupe allemand a récemment élevé sa part dans sa filiale locale, Joyou, à 72%. Le géant japonais a précisé qu'une offre publique d'achat serait prochainement lancée pour acquérir les 28% du capital restant de cet acteur important du secteur dans l'empire du milieu.
Au-delà du sanitaire, Lixil est actif dans de nombreux autres équipements domestiques (cuisines, fenêtres, portes), de construction (murs-rideaux) et dispose de filiales de BTP. Il cherche à grandir dans ces différents domaines et a souligné jeudi que l'achat de Grohe représentait "un pas important dans la stratégie visant à devenir un leader mondial dans l'équipement domestique et les matériaux de construction".
En 2011, Lixil avait acquis le groupe italien d'ingénieurie du bâtiment Permasteelisa, présent à lui seul dans une trentaine de pays.
Toutes activités confondues, Lixil, basé à Tokyo, a totalisé un chiffre d'affaires de 1.436,4 milliards de yens (10,7 milliards d'euros) entre avril 2012 et mars 2013. Il emploie 45.600 employés à travers le monde.
De son côté, Grohe déclare employer 9.000 personnes dans le monde, dont 2.300 en Allemagne.
"Grohe reste indépendant et continue à mettre en oeuvre son plan pour une croissance de long terme, durable et rentable", a assuré le groupe allemand. Son patron, David Haines, restera à son poste après avoir vu son contrat renouvelé pour cinq ans.
Fabricant de robinets et autres équipements de salle de bain et cuisine, Grohe est un des principaux concurrents de son compatriote Hansgrohe, avec qui il partage des racines communes. A la suite d'un conflit familial, le fils du fondateur de Hansgrohe racheta une entreprise en 1936 et la rebaptisa Grohe. Depuis, les deux entreprises sont rivales mais Grohe semble avoir remporté la bataille, avec un chiffre d'affaires de 1,4 milliard d'euros en 2012 contre 805 millions d'euros pour Hansgrohe.