L'anti-cholestérol Lipitor du laboratoire américain Pfizer, médicament le plus vendu au monde, voit mercredi son brevet expirer, faisant entrer dans le domaine générique cette statine, une molécule qui a révolutionné le traitement des maladies cardio-vasculaires depuis 20 ans.
Pour Pfizer, premier groupe pharmaceutique mondial, l'expiration du brevet sur le Lipitor (appelé Tahor en France) le met dans la situation délicate de remplacer les quelque 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires que cet anti-cholestérol vedette lui a rapportés depuis sa mise sur le marché en 1997.
Les ventes de Lipitor, qui génère plus de 10 milliards de dollars par an, soit 15% du chiffre d'affaires de Pfizer, devraient rapidement se déplacer vers les premiers génériques.
Pfizer a déjà perdu l'exclusivité de ce produit au Canada, en Espagne, au Mexique et au Brésil en 2010. Le Lipitor devrait toutefois continuer à rapporter des revenus dans les pays émergents.
Alors que cet anti-cholestérol coûte environ 120 dollars par mois aux Etats-Unis, son prix devrait rapidement baisser de 30%, soit plus que les 10 à 20% de réduction du prix habituellement pratiqué par les fabricants de génériques à l'expiration d'un brevet.
Pfizer compte toutefois sur des accords de licence pour continuer à générer des recettes liées au Lipitor, tel celui signé avec le français Sanofi-Aventis, qui fabriquera et commercialisera en France sa version générique, l'atorvastatine-Tahor, à partir de mai 2012.
La plupart des anticholestérols, dont le premier a été mis sur le marché en 1987, sont génériques. Le Lipitor, aux côtés du Crestor et de l'Elisor, était l'une des quelques statines non génériques restantes.
La venue des statines "a révolutionné le traitement du cholestérol qui, à des niveaux excessifs, est une des causes majeures des maladies cardio-vasculaires", explique à l'AFP le cardiologue David Gordon de l'Institut national américain du coeur, des poumons et du sang (NHLBI).
"Les essais cliniques ont montré que les statines sont efficaces pour réduire le risque de maladies coronariennes, et ce jusqu'à 30%, ainsi que toutes causes de mortalité", précise-t-il. "Certains indices montrent aussi que les statines peuvent accroître les niveaux de bon cholestérol et ont des effets anti-inflammatoires", poursuit le Dr Gordon.
Le cardiologue souligne que "les statines prises par des millions de personnes dans le monde sont bien tolérées par 90% des utilisateurs et que les effets secondaires graves sont très rares".
Tout comme l'aspirine, "les statines sont faciles à prendre, sont bien tolérées par la plupart des gens et ont des effets bénéfiques remarquables", conclut ce cardiologue.
Les effets secondaires concernent le foie et les muscles.
Selon une étude menée durant cinq ans auprès de plus de 20.000 personnes, publiée récemment dans la revue britannique Nature, les statines réduisent nettement et sans dommage les risques d'accident cardiovasculaire. Leur effet bénéfique anti-cholestérol persiste durablement après l'arrêt du traitement.
Selon d'autres études devant être confirmées par des recherches plus étendues, les statines auraient également des vertus anti-cancéreuses notamment sur le cancer du colon et de la prostate.