Le Smic devrait progresser de manière limitée au 1er janvier, passant à environ 9 euros bruts l'heure, en application de la hausse minimum légale, sans "coup de pouce" supplémentaire du gouvernement pour la cinquième année consécutive, ce que déplorent les syndicats.
L'annonce officielle de la revalorisation exacte du salaire minimum légal qui concerne environ 2,3 millions de Français, soit environ un salarié sur dix, sera faite par le ministre du Travail, Xavier Bertrand, mardi après-midi lors d'une rencontre rue de Grenelle avec les syndicats et le patronat.
Depuis la dernière hausse au 1er janvier 2010, le salaire minimum s'élève à 8,86 euros de l'heure, soit 1.343,77 euros bruts mensuels (1.056 euros nets environ) pour 35 heures hebdomadaires. La revalorisation attendue (+1,6%) porterait le Smic net à environ 1.073 euros.
Les Smicards - qui travaillent surtout dans les petites entreprises et dans les secteurs du commerce et des services comme l'hôtellerie et la restauration - toucheraient donc quelque 17 euros de plus en net par mois.
Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence en 2007, aucun "coup de pouce" n'a été donné au Smic lors des différentes revalorisations.
Xavier Bertrand a défendu la semaine dernière un tel choix au motif que la progression du salaire minimum ne concernerait que "10% des salariés", et qu'il préférerait "parler à 100% des salariés".
Le gouvernement entend plutôt jouer "le jeu des négociations salariales dans l'ensemble des branches", avait-il dit faisant valoir que le nombre de branches avec des salaires au-dessus du Smic était passé à neuf, contre sept il y a cinq ans.
Les cinq experts, dont l'avis est habituellement suivi par le gouvernement, avaient déconseillé la semaine dernière tout coup de pouce, estimant notamment que la hausse du Smic pouvait "améliorer la rémunération des personnes en emploi" mais éloignerait du marché du travail "les plus fragiles".
Un raisonnement qui "fragilise le mécanisme du Smic", dénonce Marie-Alice Medeuf-Andrieu (F0) pour qui une revalorisation significative du salaire minimum est "favorable à l'économie" car elle permet "d'augmenter le pouvoir d'achat et de relancer la consommation".
Pour Michèle Chay (CGT) l'absence de revalorisation au-delà du minimum légal "est inacceptable" alors que "les frais de logement ou d'énergie continuent d'augmenter, que la crise n'est pas finie et que les entreprises du CAC 40 font des bénéfices".
De son côté, Laurence Laigo de la CFDT plaide pour "un coup de pouce raisonnable de 0,5%" qui serait "un bon signal pour la consommation".
Le Smic reste "le seul outil à disposition de l'Etat en faveur du pouvoir d'achat", rappelle-t-elle, alors que les entreprises "ne jouent pas le jeu en rétribuant davantage les actionnaires que les salariés".
"Demander un coup de pouce n'était pas l'habitude de la CFDT avant la crise, mais 2010 a été marquée par la poursuite de la modération salariale et par l'augmentation des dépenses incompressibles, notamment du carburant ou des assurances", relève la responsable cédétiste.
Gabrielle Simon (CFTC) regrette qu'"on trouve de l'argent pour tout le monde, sauf pour les salariés". "Le gouvernement n'arrête pas de donner des allègements de cotisations patronales mais cela n'a pas d'effet sur le niveau des salaires", relève-t-elle.
Le niveau du salaire minimum est particulièrement sensible pour les salariés à temps partiel, sur-représentés chez les Smicards: "ils aimeraient travailler plus pour gagner plus, comme le disait le slogan de Nicolas Sarkozy, mais ce n'est pas possible", lance cette syndicaliste.