Le marché européen du colis, standard comme express, a repris des couleurs en 2010 après une baisse des échanges due à la crise, un retour à la croissance notamment tiré par l'e-commerce dont l'essor a bénéficié au groupe français La Poste et à ses filiales GeoPost et ColiPoste.
"Entre 2008 et 2009, nous avons connu un creux, un incident de parcours qui a heureusement été sans effet, puisque nous avons retrouvé en 2010 le niveau d'avant-crise", a résumé le patron de La Poste Jean-Paul Bailly, lors d'un déplacement en Allemagne et en Pologne jeudi et vendredi.
"Cela s'explique d'abord par la reprise de la croissance et donc des échanges, mais également par le développement du moteur complémentaire de croissance que représente l'e-commerce", a indiqué à l'AFP M. Bailly, venu célébrer les dix ans de l'entrée de La Poste dans le capital de l'entreprise allemande DPD, qu'elle détient à 84% à travers sa filiale GeoPost.
Avec GeoPost et ColiPost, La Poste est le deuxième opérateur européen du colis et du colis-express derrière Deutsche Post-DHL. DPD compte plus de 800 dépôts répartis dans une quarantaine de pays, et traite plus de 2 millions de colis par jour.
Sur fond de crise financière, aggravée par une guerre des prix, le marché du colis en Europe avait connu entre 2008 et 2009 une baisse des volumes échangés de 2,3%, avant de rebondir de +9,8% en 2010.
"L'e-commerce est un marché en plein essor, très porteur, il représente un potentiel énorme qu'on ne peut pas ignorer et qui affiche une croissance de 20% par an, notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France. Et nous prévoyons une croissance d'encore 18% pour 2011", souligne Arnold Schroven, président de DPD.
L'entreprise allemande est spécialisée dans l'acheminement des colis express de moins de 30 kg.
"Il est clair que c'est un marché qui croît vite, c'est +le+ marché du moment, avec tous les défis que cela implique. A l'heure actuelle, cet e-commerce représente entre 20 et 30% de nos activités en Allemagne, et il devrait croître de 5 à 7% encore cette année", renchérit Thomas Preuss, directeur des ventes et du marketing de DPD.
Le développement des ventes et commandes via le web bouleverse la logistique des opérateurs postaux: "livrer une entreprise, une boutique ou un entrepôt n'a rien à voir avec livrer un particulier. Si les premiers sont toujours ouverts, le particulier n'est pas forcément chez lui lorsqu'on arrive", souligne M. Preuss.
DPD a ainsi dû réorganiser ses offres aux particuliers, leur donnant ainsi la possibilité de choisir le lieu de livraison du paquet - à domicile, au bureau ou dans un point relais - et développer de "nouvelles méthodes de communication", par exemple un portail internet où le client peut indiquer qu'il ne sera pas disponible le jour de livraison prévu par l'entreprise.
Autre phénomène venant grossir le volume des échanges, le "dégroupage": "on traite de moins en moins de grosses quantités, par conteneurs ou par palettes, mais plus de petites quantités, des colis qu'on livre directement au destinataire sans plus passer par des grossistes", souligne Paul-Marie Chavanne, président de GeoPost et directeur adjoint du groupe La Poste.
Comme tous ses concurrents en Europe, La Poste doit ainsi trouver un équilibre face à "l'émergence d'une société numérique", qui représente "aussi bien une menace en termes de forte diminution du volume de courrier traditionnel" que "de formidables opportunités développées par l'essor du e-commerce et des services qui en dépendent".