Les actionnaires de NYSE Euronext ont approuvé jeudi la fusion de la société transatlantique avec Deutsche Börse, l'opérateur de la Bourse de Francfort, un mariage devant donner naissance au premier groupe boursier de la planète.
65,6% des actionnaires ont voté en faveur de ce rapprochement lors de l'assemblée générale du groupe à New York. Seule une majorité simple (50% plus une voix) était requise.
"C'est une étape importante dans notre projet de fusion", s'est félicité Duncan L. Niederauer, directeur général de NYSE Euronext.
Plusieurs obstacles demeurent.
Le projet doit notamment recevoir le feu vert d'au moins 75% des actionnaires de Deutsche Börse qui doivent se prononcer le 13 juillet.
"Le vote chez NYSE Euronext était acquis depuis que l'américain Nasdaq OMX a jeté l'éponge", souligne Daniel Fannon, analyste pour le courtier américain Jefferies, d'autant que "plusieurs spécialistes influents s'étaient prononcés en faveur de l'opération".
La société de conseil américaine ISS avait ainsi mis en avant les synergies, chiffrées à 300 millions d'euros par les deux groupes, ainsi que la prime de 620 millions d'euros proposée aux actionnaires en cas de succès de l'opération.
La nouvelle entité réunirait les places de New York, Francfort, Paris, Lisbonne, Amsterdam et Bruxelles.
Ce géant, de plus de 25 milliards de dollars de capitalisation boursière, détiendrait près de 90% du marché des produits dérivés européens (contrats liés aux taux de change, taux d'intérêt, matières premières...) via la filiale Eurex de Deutsche Börse et le Liffe londonien détenu par NYSE Euronext.
Les fiançailles entre NYSE Euronext et Deustche Börse avaient été rendues publiques en février.
L'opération avait été un temps menacée par une contre-offre hostile des américains Nasdaq OMX et IntercontinentalExchange, qui proposaient 11 milliards de dollars --en actions et en numéraire-- pour le groupe transatlantique, valorisé environ 9 milliards de dollars par la fusion avec l'allemand.
Mais le tandem Nasdaq/ICE a finalement jeté l'éponge en mai, refroidi par l'opposition des autorités américaines de la concurrence.
En cas de vote favorable des actionnaires de Deutsche Börse, ce sera au tour des autorités de la concurrence de se prononcer, une étape délicate de l'avis des experts vu les risques de position dominante sur le marché de dérivés.
La Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, a été saisie officiellement la semaine dernière. D'ici le 4 août, elle décidera soit d'autoriser l'opération soit de lancer une enquête approfondie susceptible de durer plusieurs mois.
Cette dernière hypothèse semble la plus probable.
Le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia, avait souligné en mars que ce projet nécessitait un examen "pointu" tandis que le numéro deux de NYSE Euronext, Dominique Cerutti, avait reconnu un mois plus tôt s'attendre à une telle enquête.
Si le processus aboutissait, le rapprochement pourrait être finalisé dès le quatrième trimestre. La holding serait alors détenue à 60% par Deutsche Börse et à 40% par NYSE Euronext et aurait deux sièges à New York et Francfort, abandonnant son quartier général parisien.
Il ne s'agit pas du premier projet de fusion entre ces groupes.
Deutsche Börse et NYSE Euronext avaient entamé des pourparlers en 2008, sans parvenir à s'entendre.
Deux ans plus tôt, le NYSE avait court-circuité un projet entre Deutsche Börse et Euronext, proposant à ce dernier une fusion entre égaux.