Le rebond des Bourses européennes a subi un coup d'arrêt mardi, après des chiffres montrant une croissance atone en zone euro, pour laquelle Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont dévoilé plusieurs propositions dont la création d'un gouvernement économique.
"C'est un peu décevant mais on sent qu'il y a une volonté d'agir", a réagi Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities, après la conférence de presse des deux dirigeants à l'Elysée.
Si les Bourses européennes étaient fermées au moment des annonces fraco-allemandes, la Bourse de New York a temporairement décroché, avant de limiter ses pertes. En clôture, le Dow Jones a tout de même perdu 0,67% et le Nasdaq 1,24%.
"La rencontre n'a pas donné grand chose, pour ne pas dire rien", a estimé Marc Pado, de Cantor Fitzgerald.
Après un bref rebond, la monnaie unique a également reculé: elle valait 1,4406 dollar vers 21H00 GMT, contre 1,4440 dollar lundi soir.
Auparavant, la Bourse de Paris avait fini en recul de 0,25%, Francfort de 0,45%, Madrid de 0,4O%, Lisbonne de 1,47%, Milan de 0,87%. Seules les places de Londres (+0,13%) et Zurich (+0,91%) avaient terminé dans le vert.
Parmi les propositions dévoilées mardi figurent notamment la création d'un "véritable gouvernement de la zone euro", l'adoption d'une règle d'or d'équilibre budgétaire par les dix-sept membres de la zone euro et l'instauration d'une taxe sur les transactions financières.
Cette dernière idée a été accueillie très froidement à Wall Street, où les valeurs bancaires ont nettement reculé, et l'action de l'opérateur boursier transatlantique NYSE Euronext a plongé de plus de 8%.
Sur la question des euro-obligations, réclamées par certains dirigeants européens, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont, en revanche, montré leurs réticences.
La chancelière "ne croit pas que les euro-obligations nous aideraient aujourd'hui", tandis que le chef de l'Etat a jugé qu'elles mettraient "gravement en danger" les pays les mieux notés et ne pouvaient être que l'"aboutissement d'un processus d'intégration".
"La seule chose qui pourrait désamorcer la crise, c'est la création d'un marché des euro-obligations", a réclamé René Defossez, analyste chez Natixis.
Avec ces pistes, les deux dirigeants espèrent faire retomber la pression sur les marchés financiers, en proie à des soubresauts depuis plusieurs semaines. Leur rebond entamé après la tempête boursière du début de semaine dernière a fait long feu et les marchés se sont repliés, dans des proportions certes moindres, mardi, en raison de nouvelles décevantes sur le front macro-économique.
La croissance de l'Allemagne, locomotive de la zone euro, a ainsi très fortement ralenti pour atteindre seulement 0,1% au deuxième trimestre. Vendredi, la France avait déjà indiqué que son PIB avait stagné sur la même période.
"La faiblesse de la croissance allemande alimente les inquiétudes d'un ralentissement de l'économie mondiale et soulève des questions sur la capacité de l'Allemagne à soutenir les économie de la zone euro en difficulté", a fait valoir David Campione, du site financier Briefing.com.
Actuellement dans le viseur des marchés, l'Italie et l'Espagne ne peuvent se targuer d'avoir fait beaucoup mieux: la troisième et la quatrième économies de la zone euro ont vu leur croissance progresser de 0,3% et de 0,2% entre avril et juin.
Et selon une première estimation de l'office européen des statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro n'a augmenté que de 0,2% au total au deuxième trimestre.
Sur ce point, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont cherché à se montrer optimistes: "Je suis confiant sur les perspectives de la zone euro et du monde", a déclaré le président français, tandis que la chancelière se disait "pas du tout pessimiste sur les perspectives de la croissance".
Aux Etats-Unis, les investisseurs n'ont pas été rassurés par des indicateurs mitigés. Les mises en chantier et les délivrances de permis de construire ont rechuté en juillet, alors que la production industrielle a enregistré sa meilleure progression mensuelle depuis décembre (+0,9%), une embellie bien plus marquée que prévu.
Même la confirmation de la note "AAA" des Etats-Unis par l'agence de notation Fitch, une dizaine de jours après que sa concurrente Standard & Poor's l'a abaissée, n'a pas réussi à inverser la tendance. Fitch a également précisé qu'elle n'envisageait pas de l'abaisser à moyen terme.
"C'est une bonne nouvelle même si cette annonce était largement anticipée par les investisseurs et aura au final peu d'impact", a commenté Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque.
Tourné vers le sommet franco-allemand, le marché européen de la dette a peu évolué mardi.
L'Espagne a levé 5,7 milliards d'euros sur les marchés, à échéance 12 et 18 mois, bénéficiant d'une forte demande et de taux en baisse.
De son côté, la Grèce a emprunté 1,3 milliard d'euros à trois mois, à un taux en légère baisse.