Les ministres des Finances du G20 se retrouvent jeudi soir à Washington, en marge des réunions du FMI et de la Banque mondiale, pour maintenir le cap d'une économie mondiale tenue en haleine par le feuilleton budgétaire américain.
Depuis le sommet des chefs d'Etat du G20 à Saint-Pétersbourg en Russie en septembre, le panorama mondial s'est assombri en raison de la paralysie budgétaire américaine et des incertitudes entourant la réduction des mesures de soutien à l'économie de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine.
"L'économie mondiale avance à faible vitesse, les moteurs de l'activité changent et les risques de dégradation persistent", a résumé le Fonds monétaire international (FMI) dans ses projections économiques mardi.
"Le ralentissement de la croissance dans les économies émergentes, les possibles évolutions des politiques monétaires des économies avancées mais aussi la situation budgétaire de certains membres du G20 seront au centre des discussions", selon le gouvernement français qui évoque, sans les citer, les Etats-Unis.
Depuis dix jours, l'incapacité des démocrates et républicains à trouver un accord sur le budget a conduit l'Etat fédéral à fermer ses services non-essentiels et à mettre des centaines de milliers de fonctionnaires au chômage technique.
Ce conflit politique menace également le relèvement par les parlementaires du plafond légal de la dette américaine d'ici la fin de semaine prochaine, nécessaire pour éviter un défaut de paiement, dont les conséquences seraient lourdes pour l'économie mondiale.
Les marchés financiers ne cèdent pas pour l'instant à la panique mais leur nervosité semble aller croissant.
Le FMI juge la probabilité d'un défaut "faible", mais ses conséquences seraient cataclysmiques: les Etats-Unis pourraient replonger "en récession ou pire", a averti Olivier Blanchard, chef économiste de l'institution.
Le président républicain de la Chambre des représentants américaine, John Boehner, a proposé jeudi un relèvement du plafond de la dette "temporaire".
"Une perte de temps
"J'espère que dans quelques semaines nous regarderons en arrière en nous disant: +ce débat a été une perte de temps+", a déclaré jeudi la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde.
Son homologue de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a lui plus spécifiquement mis en garde contre "le grave impact" qu'un défaut américain aurait sur les pays émergents.
"C'est un effet très concret sur les populations des pays en développement", a assuré M. Kim lors d'une conférence de presse.
Pour la source gouvernementale allemande, le représentant américain au G20-Finances devra rassurer ses partenaires car "nous avons besoin d'Etats-Unis forts".
L'autre sujet au menu est la politique monétaire américaine.
Les marchés financiers, sous perfusion d'argent facile fourni par la Fed, vivent depuis plusieurs semaines dans l'expectative, s'interrogeant sur le moment où la Banque centrale américaine asséchera le flux de liquidités.
Ces incertitudes ont eu un impact important sur les pays émergents qui ont vu leurs monnaies plonger, leurs indices boursiers chahutés et leurs coûts de financement augmenter, après que nombre d'investisseurs eurent anticipé la décision de la Fed en commençant à retirer leur argent. Plus généralement, leur croissance économique a fortement ralenti, même si elle reste élevée.
Selon le FMI, "les anticipations d'abandon progressif de la politique monétaire accommodante aux Etats-Unis pourraient (...) révéler des zones d'excès financier et de vulnérabilité".
"Nous allons écouter avec beaucoup d'attention ce qu'auront à dire nos collègues indiens, brésiliens", a déclaré en début de semaine une source gouvernementale allemande.
Reste qu'au final, il n'est pas sûr que Washington accepte de se voir stigmatiser dans le communiqué final attendu vendredi, un texte où chaque mot est pesé et âprement négocié.
Selon une source proche d'une délégation, "cela finira peut-être par une périphrase que tout le monde comprendra".