L'administration Obama a annoncé mercredi le plus gros contrat d'armement jamais engagé par Washington, avec un projet de vente d'avions et d'hélicoptères à l'Arabie Saoudite destiné à faire face notamment à la menace jugée croissante de l'Iran.
Le plan présenté au Congrès prévoit d'autoriser la vente de 84 chasseurs bombardiers F-15 et la modernisation de 70 autres. Il compte aussi 178 hélicoptères d'attaque -- 70 Apache, 72 Black Hawk, 36 AH-6i -- et 12 hélicoptères légers d'entraînement MD-530F, a indiqué Andrew Shapiro, sous-secrétaire d'Etat chargé des Affaires politico-militaires.
Le programme va "promouvoir la sécurité régionale et augmenter les capacités de défense d'un partenaire important", a-t-il plaidé.
Il va "bénéficier à la sécurité nationale américaine", a ajouté M. Shapiro, en "envoyant dans la région un message fort quant à notre volonté de soutenir la sécurité de nos partenaires-clés dans le Golfe, et au Proche-Orient dans son ensemble".
La montée en puissance de l'Iran est le motif principal de cette vente. Elle inquiète l'ensemble des pays de la région et change la donne géostratégique.
Dès 2007, l'administration américaine précédente du président George W. Bush avait oeuvré pour vendre des armes à ses alliés arabes du Golfe, afin de contrer l'Iran accusé de vouloir se doter de l'arme nucléaire.
Le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, avait à nouveau justifié en septembre la coopération militaire avec Ryad par "les inquiétudes bien compréhensibles que l'Arabie saoudite et d'autres pays ont au sujet de l'émergence de l'Iran".
"Ce n'est pas seulement en raison de l'Iran", a toutefois insisté M. Shapiro mercredi, en réponse à un journaliste.
Alexander Vershbow, sous-secrétaire à la Défense pour les Affaires de sécurité internationale, a ainsi évoqué le rôle que pourront jouer les hélicoptères américains dans la défense des frontières saoudiennes.
Ce volet du contrat pourrait remédier aux faiblesses apparues pendant l'offensive de l'armée saoudienne, fin 2009, contre des rebelles chiites à la frontière avec le Yémen.
La livraison des armes sera échelonnée sur 15 à 20 ans.
Le contrat est évalué dans son ensemble à un maximum de 60 milliards de dollars. S'il était réalisé entièrement, cela serait la vente d'armes la plus importante jamais réalisée par les Etats-Unis, avait indiqué en septembre un responsable de la défense américaine.
D'autres accords en cours de négociation entre l'administration américaine et l'Arabie saoudite concernent la marine du pays et sa défense antimissiles. Ils représentent eux-mêmes plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Le Congrès, où siègent de nombreux alliés d'Israël, a la possibilité d'amender et de retarder le premier accord annoncé mercredi. Mais les responsables américains ont dit ne pas s'attendre à une opposition d'Israël à la vente.
"D'après notre estimation, (la vente) ne va pas diminuer l'avance militaire qualitative d'Israël", a affirmé M. Shapiro, tandis que M. Vershbow assurait qu'après des "discussions à haut niveau", Israël "n'a pas d'objection à cette vente".
L'Etat juif doit recevoir des chasseurs furtifs F-35, qui représentent la dernière génération des avions de guerre américains.
Les parlementaires américains devraient aussi être sensibles aux emplois créés par ce méga-contrat. L'avionneur Boeing, qui produit le F-15 ainsi que plusieurs modèles d'hélicoptère figurant au contrat, prévoit ainsi que 77.000 emplois découleront de cette partie du programme pouvant lui rapporter jusqu'à 24 milliards de dollars.