Les dirigeants européens, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en tête, ont tenté lundi de mettre un terme à la zizanie qui a éclaté dans la famille européenne sur l'opportunité d'aider la Grèce.
"J'ai confiance" dans l'issue des négociations en cours entre le Fonds monétaires international (FMI), la Commission européenne et le gouvernement grec, a affirmé à Berlin la chancelière allemande Angela Merkel, tentant ainsi de corriger l'impression selon laquelle Berlin refuserait de délier sa bourse pour Athènes.
Mme Merkel s'est aussi voulue rassurante en affirmant qu'une sortie de la Grèce de la zone euro n'était "pas une option".
Dans la matinée pourtant, en marge d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg, son chef de la diplomatie, Guido Westerwelle avait encore réitéré l'intransigeance allemande en déclarant : "Faire trop tôt des promesses d'aide concrète ne va que conduire à retirer la pression sur la Grèce".
"Il faut avant tout que la consolidation du budget ait lieu en Grèce", avait-il ajouté.
Réagissant aux propos de M. Westerwelle, l'Italie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini a dénoncé "la rigidité allemande".
Cette cacophonie européenne a accru l'instabilité des marchés. Les taux grecs à 10 ans ont atteint un nouveau record lundi dans la matinée en dépassant le seuil de 9%, entraînant dans leur sillage les rendements des autres pays fragiles de la zone euro comme le Portugal, l'Espagne et l'Irlande.
Face à cette spirale, le président français Nicolas Sarkozy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont appelé eux à une "action rapide et résolue" contre la spéculation qui vise la Grèce afin d'assurer la stabilité de l'euro.
La voie n'est cependant pas dégagée pour débloquer l'aide à la Grèce. Car si Mme Merkel a infléchi son discours, elle maintient ses conditions.
Athènes doit s'engager à prendre de nouvelles mesures d'économies et montrer qu'elle peut reprendre le chemin de la stabilité économique avant que l'Allemagne puisse approuver une aide d'urgence, a prévenu la chancelière.
"Si la Grèce est prête à accepter des mesures difficiles, pas seulement sur une année mais sur plusieurs années, alors nous aurons de bonnes chances d'assurer la stabilité de l'euro pour nous tous", a-t-elle dit.
Côté français, on met les tergiversations de l'Allemagne sur le compte d'un contexte politique intérieur difficile, avec une élection régionale le 9 mai qui s'annonce cruciale pour le gouvernement, confronté à une opinion hostile à payer pour un pays qui a maquillé ses chiffres de déficit.
"Les positions d'affichage et les débats sont nécessaires pour les opinions locales", a ainsi déclaré la ministre française de l'économie Christine Lagarde, reconnaissant que la situation était "un peu chaotique" et la "réaction européenne un peu trop lente" de l'avis des marchés.
Accablé par une dette record, Athènes a demandé vendredi l'activation d'un programme de prêts évalué à 45 milliards d'euros, dont 30 milliards apportés par ses partenaires de la zone euro et le reste par le FMI.
Mais le gouvernement allemand, appelé à être le plus gros contributeur avec 8,4 milliards d'euros et qui doit affronter le 9 mai des élections régionales cruciales, traîne des pieds.
Si la situation ne se débloque pas rapidement, une réunion extraordinaire au plus haut niveau des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE pourrait être nécessaire pour dénouer la crise, a dit lundi M. Frattini.