Les loyers continuent globalement d'augmenter en France, mais la hausse dans le parc privé est moins vive depuis le début de l'année et, dans près d'un peu plus d'un tiers des villes, ils baissent même.
Selon une étude publiée mardi par l'observatoire des loyers Clameur, à fin août, les loyers dans le parc privé ont augmenté de 0,9% en moyenne sur un an pour les nouveaux baux et les renouvellements de baux, soit moins que durant la même période de 2010 (+1,4%) et moins que l'inflation actuelle (+1,9%).
"L'année 2011 confirme bien un redémarrage de l'activité mais la hausse des loyers reste faible car le pouvoir d'achat des Français reste en berne dans un contexte d'incertitude économique", souligne Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest, auteur de l'étude.
Le taux de déménagement des locataires du secteur privé progresse pour s'établir à 27,9% depuis le début 2011 (+8,6% depuis le point bas de l'année 2009), ce chiffre étant trois fois supérieur à celui des habitants du parc locatif social, souvent contraints de résider longtemps dans les HLM, faute de places et en raison de prix plus élevés dans le privé.
Pour l'ensemble de l'année 2011, la hausse devrait être comprise entre 1,8% et 2,0%, car les loyers s'accélèrent toujours à l'automne, selon M. Mouillart.
Pour les locataires en place, l'indice de référence des loyers (IRL), basé sur le coût de la vie hors tabac et loyers et qui sert depuis 2008 de référence, a progressé au deuxième trimestre 2011 de 1,73% sur un an, selon l'Insee.
Cette hausse modérée des loyers, calculée à partir d'une base d'environ 250.000 références dans 1.175 villes, reste éloignée de l'envolée du début du XXIe siècle (+6,7% en 2002, un sommet, +4,7% en 2005) et correspond à la décrue enregistrée depuis cinq ans (+1,5% en 2008, stagnation en 2009, +2,5% en 2010).
Pour le tiers des villes, les loyers appelés "de marché" baissent même depuis le début de l'année. C'est notamment le cas de Dijon (-2%), Bordeaux (-0,9%), Grenoble (-0,3%), Montpellier (-0,6%), Saint-Etienne (-0,8%), Toulon (-0,9%), Toulouse (-0,4%) et même Paris (-0,1%).
"Les locataires qui arrivent dans Paris ne veulent plus en bouger, car c'est un bâton de maréchal, ce qui explique le petit nombre de nouvelles locations", souligne M. Mouillart pour expliquer cette quasi-stagnation.
Par contre Brest (+3,1%), Le Havre (+2,0%), Reims (+2,4%), Lille (+1,9%), Nantes (+1,7%), Strasbourg (+1,5%) et Lyon (+1,2%) progressent plus que la moyenne.
Sur l'ensemble de la France, Clameur estime que la conclusion de nouveaux baux et les renouvellements de baux, qui concernent environ chaque année 1,5 million de ménages sur les quelque 6 millions qui vivent dans le parc locatif privé, "sont plus difficiles qu'avant la crise car les délais de remise en location se sont allongés ainsi que la fréquence et la durée de la vacance locative".
Désormais, le loyer de "marché" s'établit en moyenne à 12,4 euros/m2 mais avec une fourchette de prix très large allant de 1 à près de 15 (de 3,5 à 54,0 euros/m2).
Les différences sont également très importantes selon la taille du logement: 16,6 euros/m2 pour les studios et une pièce, 12,6 euros/m2 pour les 2 pièces, 9,4 euros/m2 pour les 4 pièces et 9,1 euros/m2 pour les 5 pièces et plus.
Alors qu'en 2008 seulement 23,1% de relocations bénéficiaient de travaux d'amélioration, ce pourcentage a grimpé à 33,5% du total depuis le début 2011.
"Avec une mobilité supérieure à la moyenne des 20 dernières années, la hausse des loyers reste limitée à 0,9%. C'est une réelle satisfaction d'autant que l'enquête relève un effort constant sur les travaux d'amélioration et d'entretien des biens immobiliers", s'est félicité auprès de l'AFP le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu.