Les cinq "sages" allemands, économistes de haut rang qui conseillent le gouvernement, ont démenti vendredi avoir été sollicités par le ministre allemand des Finances pour plancher sur des propositions de réformes pour la France, comme l'ont affirmé des médias.
"Une telle demande n'a pas été faite au conseil des cinq sages et ne figure pas au rang de sa mission légale", a déclaré à l'AFP l'un de leur porte-parole.
"Cette information est fausse", a également affirmé à l'AFP Wolfgang Franz, le président du Conseil allemand des experts économiques, qui regroupe les "sages".
"Nous avons remis mercredi notre rapport semestriel (au gouvernement allemand) et nous avons eu un entretien avec M. Schäuble sur le développement futur de l'union monétaire", a-t-il dit.
"Nous n'avons pas parlé en particulier de la France. La France est évidemment un important pays membre de l'Union européenne (...) mais il ne s'est rien dit explicitement sur (ce pays)", a-t-il insisté.
"Nous n'émettons pas de conseils économiques pour d'autres pays. Nous n'avons pas cette compétence et ça ne se justifie pas car la France a aussi un excellent Conseil d'analyse économique", a ajouté M. Franz.
Un porte-parole du ministère allemand des Finances a pour sa part refusé de commenter l'article de l'hebdomadaire Die Zeit, publié sur son site internet, qui a évoqué le premier une telle demande de M. Schäuble.
Selon Die Zeit, qui ne cite pas de source, Wolfgang Schäuble aurait demandé aux cinq "sages" de travailler à un "concept de réforme" pour aider la France à retrouver le chemin de la croissance.
Le magazine ajoute que M. Schäuble en a parlé aux économistes mercredi, lors de la remise de leur rapport d'automne sur l'Allemagne, et qu'il n'y a pas eu de demande formelle. "Il s'agit jusqu'ici d'un échange informel", écrit-il encore.
Selon une source gouvernementale allemande, Berlin ne peut pas mandater ce conseil économique sur une question car il est totalement indépendant mais a la possibilité d'émettre des suggestions dont il se saisit ou non.
Jusqu'ici, et malgré 49 ans d'existence, il n'a jamais rendu de rapport concernant un autre pays que l'Allemagne.
"Si l'Allemagne a envie d'envoyer un message à la France, les ministres se parlent régulièrement, et au niveau en-dessous aussi", a déclaré une source allemande, sous couvert d'anonymat.
Une autre source à Berlin tablait sur un malentendu. Les Allemands "ne sont pas dingues quand même", a déclaré cette source bien informée, jugeant tout simplement impensable une telle proposition.
Mais pour cette source, l'existence de ces rumeurs, même infondées, traduiraient des inquiétudes allemandes cristallisées autour des prévisions économiques de Bruxelles pour 2013 en France. La Commission européenne a annoncé mercredi tabler sur un déficit public de 3,5% du PIB en France l'an prochain, une perspective inacceptable pour Berlin qui s'accroche à l'objectif de 3%.
Vendredi, un proche de la chancelière Angela Merkel a d'ailleurs réprimandé Paris, appelant les Français à faire plus de réformes.
"Ce serait bien si les socialistes engageaient maintenant vraiment des réformes structurelles. Cela ferait du bien au pays et à l'Europe", a déclaré à propos de la France Volker Kauder, président du groupe parlementaires des conservateurs de Mme Merkel, à l'édition en ligne de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel.
Interrogé sur twitter, le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert n'a pas commenté les rumeurs, renvoyant simplement au démenti de M. Franz.