Après un hiver raté, les voyagistes français n'ont pas trouvé cet été de recette miracle pour enrayer la baisse de leur activité. En cause notamment, la crise qui pèse sur les dépenses de vacances et des destinations toujours en berne comme la Tunisie.
Le volume d'affaires des 70 tour-opérateurs affiliés au syndicat Seto a ainsi reculé de 3,9% à 1,7 milliard d'euros de mai à fin août sur les voyages à forfait (vol + séjour), qui sont le nerf de la guerre pour la profession.
La légère hausse du prix des voyages n'a pas suffi à compenser la baisse de 4,9% de la clientèle, à 1,867 million clients, a indiqué le Seto mardi à l'ouverture du salon du tourisme Top Resa.
"Mai a été positif (+6% en nombre de clients), juin stable, juillet a été très mauvais (-11%) et on n'a pas rattrapé en août (-8%)", a déclaré René-Marc Chikli, le patron du Seto.
"Les Français ont boudé des destinations phares comme la Tunisie et il y a eu une réduction évidente des budgets et une baisse de la consommation", dit-il.
Selon lui, "même si octobre marche bien avec les vacances de la Toussaint, on restera dans le négatif sur la saison d'été, c'est-à-dire sur les six mois d'avril-octobre".
Et concernant la saison d'hiver, "les carnets de commande ne sont pas remplis pour novembre-décembre", indique M. Chikli, en évoquant "l'attentisme" des clients et en espérant pour 2014 "une accalmie dans la descente aux enfers" des tour-opérateurs.
Après deux années difficiles et "une baisse historique" l'hiver dernier (-11% en clientèle et -6,9% en volume d'affaires), les voyagistes français espéraient en juin un redécollage de l'activité. Or, la crise a fortement pesé sur les vacances d'été. Les Français sont souvent partis à l'économie, en comptant sur la famille et les promotions de dernière minute.
La géopolitique a aussi pesé
"Le grand gagnant de l'été 2013, c'est le secteur non marchand", c'est-à-dire les hébergements gratuits chez des proches, estime René-Marc Chikli. "Même les campings n'ont pas fait ce qu'ils espéraient".
La géopolitique a aussi pesé sur certaines destinations phares du Proche-Orient et du Maghreb. L'ensemble des destinations touchées par le printemps arabe ont cédé du terrain. Les ventes ont plongé de 57% vers l'Egypte et de 32% vers la Tunisie.
"En 2007-2008 on avait fait notre meilleure année sur la Tunisie avec 630.000 clients en voyages à forfait. Depuis, on perd chaque année 30%. De janvier à fin août 2013, on a eu seulement 230.000 voyages à forfait vers la Tunisie", souligne M. Chikli.
Le ministre du Tourisme d'Egypte, Hicham Zaazou, conjurait les Français, mardi au salon Top Resa, de revenir dans son pays, où désormais "la situation est calme et stable", selon lui.
Cet été, la baisse d'activité des voyagistes français a concerné les destinations France (-4,4% en volume d'affaires et -5,1% en nombre de clients) mais aussi moyen-courrier (respectivement -2,6% et -3,5%) où se fait l'essentiel des recettes.
La Turquie, la Grèce et l'Espagne (Baléares et Canaries comprises) sortent toutefois gagnantes.
Les destinations long courrier ont elles cédé 7% en volume d'affaires et leur clientèle a chuté de plus de 13%, à moins de 200.000 clients.
Ce résultat est toutefois lié en bonne partie à la baisse des capacités aériennes ou hôtelières décidée par les voyagistes pour faire remonter leurs marges, notamment dans les Caraïbes. Les ventes vers la République dominicaine ont ainsi baissé de plus de 40%.
"Les tour-opérateurs sont en train de modifier leurs modèles pour s'adapter car le marché est difficile pour tout le monde", relève M. Chikli.
"Il s'agit de réajuser l'offre et la demande, de trouver le moyen de se différencier du voisin. Ce n'est pas la profession qui est en crise, mais le modèle généraliste", dit-il.
Alors que les clients sont de plus en plus exigeants, le sur-mesure, lui, se porte bien.
De TUI France à Fram, le challenge est désormais la spécialisation.