Angela Merkel et François Hollande célèbrent ce samedi à Ludwigsburg (sud-ouest) les noces d'or franco-allemandes, mais la crise de l'euro et la fusion EADS-BAE se sont invitées à cette commémoration initialement très classique.
Réunis pour le cinquantenaire du discours du Général de Gaulle à la jeunesse allemande, la chancelière allemande et le président français doivent s'adresser tour à tour un peu après midi (10h00 GMT), à la foule, dans la cour du château de cette petite ville, à l'endroit même de l'allocution de leur illustre prédécesseur.
Mais, contrairement au général de Gaulle qui avait parlé en allemand, Mme Merkel et M. Hollande devraient communiquer dans leur propre langue, aucun des deux ne maîtrisant suffisamment celle de l'autre.
Le couple, qui se décrit comme le "moteur de l'Europe", se retrouvera ensuite pour un déjeuner de travail.
Et, compte tenu de l'importance des dossiers en cours, une conférence de presse a été rajoutée à la hâte, pour le début d'après-midi. "Aucune décision" n'est attendue de cette rencontre, a pourtant prévenu vendredi le porte-parole du gouvernement allemand.
Au menu de leur cinquième tête à tête depuis l'entrée en fonction de François Hollande en mai dernier, l'incontournable gestion de la crise de l'euro. L'Allemagne et la France, respectivement première et deuxième économie de l'Union, sont les deux plus grands contributeurs au fonds de secours des pays en difficulté de la zone euro (à hauteur de 27 et 20%).
Et ils n'ont d'autre choix que de s'entendre s'ils veulent sauver la monnaie unique, même si les différends persistent: alors que la France est soucieuse d'aller vite sur le dossier de la supervision bancaire, en Espagne comme en Grèce, l'Allemagne ne partage pas le même sentiment d'urgence.
François Hollande est déterminé à obtenir des "décisions" sur ces trois sujets au sommet européen des 18 et 19 octobre, afin de rétablir un minimum de confiance dans l'espoir d'obtenir un rebond salvateur de la croissance. L'Allemagne prévient, elle, que la sortie de crise prendra du temps.
Comme la Commission européenne, Paris veut confier à la Banque centrale européenne (BCE) la supervision des 6.000 banques de la zone euro, alors que Berlin préfère limiter cette tâche aux plus gros établissements.
Autre dossier épineux, le projet de fusion du groupe à dominante franco-allemande EADS avec le britannique BAE Systems. Face aux immenses enjeux stratégiques, Paris et Berlin peinent à dévoiler une position commune sur le projet à moins de trois semaines de la date butoir des discussions entre les deux géants de l'aéronautique et de la défense, censé créer le numéro 1 mondial devant l'américain Boeing.