Les déboires judiciaires du directeur général du FMI risquent de compliquer les efforts pour régler la crise de la dette en zone euro et notamment pour discuter d'une nouvelle aide à la Grèce, dossiers dans lesquels Dominique Strauss-Kahn s'est particulièrement investi.
Dans l'immédiat, le patron du Fonds monétaire international, qui devait participer lundi à Bruxelles à une réunion importante sur la Grèce des ministres des Finances de la zone euro, ne viendra pas. Il sera remplacé par une directrice générale adjointe chargée de l'Europe, Nemat Shafik, a annoncé à Washington l'institution.
Au-delà, l'inculpation dimanche pour agression sexuelle et tentative de viol à New York de Dominique Strauss-Kahn fait peser une menace sur son avenir à la tête du pompier financier mondial.
Cette question risque de dominer, au moins en coulisses, la réunion de lundi.
"L'affaire tombe mal pour la zone euro", au moment où elle doit boucler un plan de prêts de 78 milliards d'euros en faveur du Portugal et envisager un nouveau coup de pouce financier pour la Grèce, souligne un diplomate européen.
M. Strauss-Kahn a joué un rôle clé depuis un an et demi dans les tractations menées pour sauver l'euro et soutenir les pays en difficulté.
Très impliqué, partisan très tôt de programmes d'aide, il a milité discrètement mais avec insistance, auprès des Etats rétifs à délier les cordons de la bourse, afin qu'ils agissent et a exhorté l'Union monétaire à se doter d'un mécanisme financier d'entraide.
Le FMI participe à hauteur d'un tiers aux côtés des Européens au financement des prêts accordés à la Grèce (110 milliards d'euros), à l'Irlande (85 milliards d'euros) et bientôt au Portugal.
Cet activisme du Fonds sous la houlette du Français n'est du reste pas sans susciter des tensions.
Les Etats-Unis, le Canada et de grands pays émergents se sont récemment inquiétés auprès des pays de la zone euro qu'une partie importante des ressources du Fonds soient consacrées à l'Europe, à la Grèce en particulier, au détriment d'autres zones dans le monde, selon des diplomates.
Les difficultés du patron du FMI surviennent alors que son institution mène actuellement une mission cruciale sur l'état de santé budgétaire de la Grèce aux côtés des Européens. De son résultat dépendront les décisions à venir pour le pays.
D'ores et déjà, toutefois, un deuxième programme d'aide se profile en plus des 110 milliards.
"Ce que l'on envisage en ce moment est de les élargir en cas de nécessité", a déclaré à la BBC la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde.
Son homologue allemand Wolfgang Schäuble a lui pour la première fois envisagé dimanche d'accorder à la Grèce une prolongation des délais de remboursement de sa dette à condition que les créanciers privés soient aussi concernés par ce rééchelonnement.
Sous la houlette de "DSK", le FMI plaide depuis déjà plusieurs mois en ce sens.
En échange, le gouvernement de Georges Papandréou devrait se voir prié de privatiser plus vite et davantage d'entreprises publiques que prévu, tout en luttant plus efficacement contre la fraude fiscale.
Le pays n'a pas atteint les objectifs de réduction de son déficit qui lui avaient été fixés. Les investisseurs ne croient pas au rétablissement de ses finances publiques, exigeant du coup une "prime de risque" énorme sur ses obligations, et parient à terme sur une restructuration de la dette nationale.
"Dans ces conditions, il est difficile d’envisager un retour sur le marché en 2012" de la Grèce pour emprunter elle-même, a reconnu Mme Lagarde.