Chutes des transactions, fort ralentissement de la hausse des prix dans l'ancien: les Français sont moins attirés par les achats immobiliers en ce début d'année, surtout depuis la hausse des taux d'intérêt.
"Le nombre de ventes de logement anciens en France ont baissé de 3% pour la période comprise entre le 1er janvier et le 15 mars par rapport à la même époque de l'an dernier", a déclaré jeudi à l'AFP Laurent Vimont, président de Century 21, un des principaux réseaux d'agences immobilières.
L'Ile-de-France, la principale région économique, enregistre même une chute de 13% des ventes et la capitale Paris, pourtant très recherchée, une baisse de 10% sur le début de l'année 2011.
"Le nombre de transactions dans l'ancien devrait s'établir autour de 670.000 en 2011 contre 702.000 en 2010 dans le cas d'une hausse probable d'un point des taux d'intérêt sur l'ensemble de l'année", avait prédit mercredi le directeur des études immobilières du Crédit Foncier, lors d'une conférence de presse.
Ce véritable retournement de situation (après une hausse de 30% en 2010) a, comme d'habitude faute d'un nombre suffisant d'acheteurs, une conséquence directe sur les prix alors que ceux-ci avaient fortement progressé en 2010 (+6,2% dans l'Hexagone et même +17,5% à Paris établissant un record historique à 7.330 euros/m2 en moyenne).
Les prix des logements anciens ont seulement augmenté de 2,6% en ce début d'année par rapport au quatrième trimestre 2010, affirme Century 21.
Paris enregistre même une hausse plus modérée de 1,4% (contre +7% à la même époque en 2010). La capitale continue de se "boboïser". Ainsi la catégorie des CSP + voit sa proportion parmi les acquéreurs passer de 43% à 48% tandis que celle des employés-ouvriers continue de reculer de 14% à 10%.
Deux départements franciliens voient même leur prix baisser : -7% pour la Seine-et-Marne, dont le nombre de transactions recule de 21%, et -2,3% pour la Seine-Saint-Denis, dont les volumes de vente enregistrent une baisse de 25%.
Six régions, classées pourtant parmi les plus dynamiques sur le plan immmobilier, voient leur prix dércocher de plus de 6%: l'Alsace, la Basse-Normandie, la Bretagne, l'Aquitaine, Midi-Pyrénées et les Pays de Loire.
"Dans les conditions actuelles nous prévoyons pour 2011 une hausse des prix très faible, voire nulle", affirme Bernard Cadeau, président d'Orpi, autre grand réseau d'agences immobilières.
Mais ce qui inquiète le plus les professionnels de l'immobilier, c'est la montée inéluctable des taux d'intérêt des prêts immobiliers.
"La hausse des taux n'a pour l'instant qu'une faible incidence sur la mensualité et la capacité d'emprunt. Sur 20 ans, pour un crédit moyen de 165.000 euros, cela représente un surcoût mensuel de 35 euros", affirme Christian Camus, directeur général du courtier Meilleurtaux, filiale du groupe bancaire BPCE.
Pour une mensualité constante de 1.000 euros sur 20 ans, un ménage qui pouvait emprunter 172.500 euros lorsque les taux étaient de 3,5% ne dispose plus qu'une enveloppe budgétaire de 165.000 euros avec les taux actuels de 4%, soit une dégradation de 4,5% sa capacité d'emprunter, souligne M. Vimont.
Aussi les emprunteurs doivent allonger la durée de leurs crédits qui est passée de 19,8 à 20,7 ans et même de 21,7 à 23,1 ans en Ile-de-France, selon Century 21.