Les patrons de six grandes banques françaises ont écrit au gouvernement pour alerter sur les conséquences, notamment en termes d'emploi, de la loi bancaire que les députés devraient adopter mardi, a indiqué samedi la Fédération bancaire française (FBF), confirmant une information du Figaro.
Dans cette lettre adressée au Premier ministre Jean-Marc Ayrault et au ministre de l'Economie Pierre Moscovici, a précisé la FBF à l'AFP, les patrons de Crédit Agricole, BPCE, La Banque postale, Société Générale et BNP Paribas s'inquiètent notamment du coût du plafonnement de certains frais bancaires.
"Une telle mesure coûterait des sommes considérables pour les principales banques", "or la banque de détail, une industrie qui emploie plus de 300.000 personnes en France, doit affronter une conjoncture historiquement difficile", écrivent les patrons, selon un extrait publié par Le Figaro samedi.
"Déjà en 2012, le nombre de recrutements a fléchi passant de 30.000 à 23.000, chiffre qui fait encore de la banque l'un des plus grands recruteurs privés", poursuivent-ils.
Les députés, qui ont achevé cette semaine l'examen du projet de loi bancaire, ont élargi à tous les particuliers le plafonnement de certains frais liés aux découverts bancaires (commissions d'intervention), qui ciblait initialement les clients les plus fragiles et les plus endettés.
Selon le député PS Christian Paul, "ces commissions ne devraient pas être plafonnées au-delà de cinq euros par opération et de 40 euros par mois".
Dans leur lettre, les banques proposent d'introduire deux plafonds, "l'un pour la clientèle plus fragile, l'autre pour le reste de la clientèle", ajoute Le Figaro.
Interrogé par l'AFP samedi, Matignon a confirmé la réception de cette lettre et a précisé que le montant du seuil des plafonds "sera fixé par décret" par le gouvernement.
"Le soucis du gouvernement est de protéger les particuliers" tout en ayant conscience que le secteur de la banque de détail "représente 300.000 salariés", explique-t-on à Matignon où l'on souhaite "préserver l'équilibre".
La FBF s'était déjà inquiétée en début de semaine des effets de certains amendements de la loi sur le financement de l'économie, son président Jean-Paul Chifflet parlant de "dérapage très fort".
"Si on réduit les frais, les banques doivent rééquilibrer avec plus de marges sur les crédits", avait alors souligné M. Chifflet, par ailleurs directeur général de Crédit Agricole SA.