L'entrée en Bourse de Lucien Barrière vendredi devrait faire figure de test sur le marché parisien ainsi que pour les entreprises, en quête de relais de croissance, qui hésitent entre se faire coter et se tourner vers des fonds d'investissement.
"Fin 2009, on s'attendait à ce que la tendance positive se poursuive après l'introduction de CFAO en France et celle de Delta Lloyd au Pays-Bas", a indiqué Xavier Bommart, responsable commercial chez NYSE Euronext, jugeant cette sortie de crise "inhabituelle".
Ces deux opérations auguraient d'un redémarrage des introductions en Bourse, après des années marquées par la crise financière.
Mais en définitive, les grosses opérations se sont fait rares depuis début 2010 à Paris, hormis la double cotation du producteur russe d'aluminium Rusal (Paris/Hong Kong) et la scission du groupe hôtelier Accor qui a donné naissance à Edenred, deux opérations atypiques.
La dernière opération d'envergure sur le marché parisien remonte au mois de février avec Medica qui avait levé un peu moins de 300 millions d'euros.
Le groupe de maisons de retraite avait fait son entrée à la Bourse dans des conditions difficiles puisqu'il avait revu à la baisse son prix d'introduction, au vu des conditions de marché.
Le prix d'introduction de Lucien Barrière devrait se situer au bas de la fourchette mentionnée initialement, soit à 16,10 euros par action, selon une information parue dans Les Echos mercredi. Le prix retenu sera dévoilé jeudi.
"On sent qu'il y a des investisseurs qui cherchent des nouveaux dossiers mais ils n'en veulent pas à n'importe quel prix", affirme Thibaut de Smedt, directeur associé de la banque d'affaires Bryan Garnier.
La situation n'a rien de tragique: 42 opérations ont déjà été réalisées sur le marché réglementé de NYSE Euronext et sur NYSE Alternext à Paris depuis le début de l’année et plus de 500 millions de capitaux ont été levés.
Mais la plupart d'entre elles se sont faites sur Alternext, la plateforme des PME, qui a déjà enregistré 32 introductions en Bourse en 2010 contre 5 opérations pour l'ensemble de l'année 2009.
Cet attrait pour la Bourse des petites et moyennes entreprises a été favorisé par les efforts des pouvoirs publics pour relancer Alternext. Il a été particulièrement net dans les secteurs des biotechnologies (AB Science, Novagali, Neovacs...) et du matériel médical, souligne Franck Sebag, du cabinet d'audit Ernst & Young.
Autre phénomène notable: les sorties des fonds de capital-investissement n'ont pas eu les retombées escomptées, certains ayant préféré céder des sociétés à d'autres fonds plutôt que de les mettre en Bourse.
"Pour certaines opérations, il y a eu une hésitation entre le marché et le capital-investissement mais l'activité reste encore faible sur ce segment", tempère Marc Lefèvre, directeur des relations émetteurs Europe chez NYSE Euronext, donnant l'exemple de Medica, dont une partie du capital a été mise en Bourse par le fonds BC Partners.
Dans ce contexte, l'introduction en Bourse de Lucien Barrière sera un bon indicateur de la "disponibilité des marchés et des profils d'entreprises qui intéressent les investisseurs", souligne M. Lefèvre.
D'autant plus qu'un certain nombre d'entreprises ont fait part de leur ambition de s'introduire en Bourse, comme le comparateur d'assurances en ligne Assurland ou Stentys, le spécialiste du stent de nouvelle génération destiné aux victimes d'infarctus.
Chez NYSE Euronext, on se veut rassurant, promettant un retour des opérations de belle taille --avec des levées de fonds d'environ 300-400 millions d'euros-- dans les 6 à 8 mois à venir.
En outre, le profil des entreprises devrait être plus varié. Et de citer sans les nommer des sociétés dans l'internet, la mode, le luxe et l'industrie.