Des milliers d'Italiens manifestaient mardi à l'appel du principal syndicat du pays pour dénoncer le plan de rigueur du gouvernement Berlusconi, nouvelle expression de la grogne sociale qui gagne l'Europe sur fond de crise de confiance sur les marchés financiers.
Après l'Italie, la protestation gagnera l'Espagne où les deux grands syndicats, CCOO et UGT, ont appelé à manifester à 17H00 GMT contre le projet d'inscrire dans la Constitution la "règle d'or" de stabilité budgétaire. Ce texte doit être voté définitivement mercredi au Sénat mais les syndicats réclament un référendum.
Rome, Naples, Milan, Florence: une centaine de manifestations étaient organisées mardi matin en Italie par la CGIL parallèlement à un arrêt de travail de 8 heures qui entraînait des perturbations dans les transports et la fermeture de sites touristiques comme le Colisée de Rome.
L'opposition de gauche s'est associée au mouvement, contrairement aux deux autres grands syndicats, Cisl et Uil, plus modérés.
"C'est un plan que ce pays ne mérite pas", "nous sommes au bord de l'abîme, nous avons besoin d'un gouvernement responsable", a déclaré la numéro un de la CGIL, Susanna Camusso, appelant l'exécutif à faire "marche arrière" alors que les sénateurs devaient entamer l'examen du plan de rigueur à 14H30 GMT.
Dans un contexte assombri par un nouveau plongeon lundi des Bourses européennes, en léger rebond mardi, les députés français vont commencer de leur côté à débattre des premières mesures du plan de rigueur gouvernemental.
Après la panique du mois d'août, la crise de la dette donne en effet de nouvelles sueurs froides aux marchés qui doutent de l'efficacité du second plan d'aide à la Grèce et de la crédibilité des mesures d'austérité italiennes.
Même l'Espagne, autre pays fragile de la zone euro, s'est déclarée "très inquiète", par la voix du porte-parole du gouvernement José Blanco, et a accusé la Grèce et l'Italie de ne pas remplir leurs objectifs.
La nouvelle cure d'austérité italienne de 45,5 milliards d'euros, annoncée le 12 août après l'adoption d'un premier plan de 48 milliards en juillet, doit permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 au lieu de 2014 et de réduire son énorme dette (120% du PIB).
Mais les tergiversations du gouvernement, qui a abandonné une taxe sur les plus riches et a réduit l'effort demandé aux collectivités locales afin de contenter tous les pans d'une majorité affaiblie, n'ont fait que renforcer les craintes.
D'autant plus que Rome mise sur une chasse à l'évasion fiscale, dont les résultats sont difficiles à estimer, afin de combler le manque à gagner.
En Italie, la peur d'un scénario catastrophe est vivace alors que le pays, trop gros pour être sauvé, entraînerait l'ensemble de la zone euro dans sa chute.
"La classe politique doit se rendre compte de la gravité de la situation (...) et agir immédiatement car notre pays risque beaucoup", a lancé dimanche la "patronne des patrons" Emma Marcegaglia, relayant le sentiment du monde des affaires qui appelle de ses voeux la nomination d'un gouvernement technique pour faire des réformes structurelles.
"L'Italie est aujourd'hui le maillon faible de l'euro et sa fragilité politique risque d'endommager de façon irréparable toute la construction européenne", a mis en garde le quotidien La Stampa.
Le président Giorgio Napolitano a donc exhorté le gouvernement à renforcer "l'efficacité et la crédibilité" de son plan. L'hypothèse d'une hausse de la TVA et d'une nouvelle intervention sur les retraites seraient envisagées, selon la presse.
Face à l'urgence de la situation, les parlementaires pourraient décider de leur côté d'accélérer l'adoption définitive de ce plan de rigueur, prévue pour le moment à la mi-septembre.