Le groupe britannique BP a insisté mercredi sur un "partage des responsabilités" dans l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, au terme d'une longue enquête interne sur l'origine d'une catastrophe qui lui a déjà coûté 8 milliards de dollars.
Contrairement à certains pronostics, le géant pétrolier a évité de battre sa coulpe ou d'insister sur les erreurs qui lui seraient propres. Il a en revanche pointé du doigt deux autres intervenants: le groupe Transocean, leader mondial du forage pétrolier en haute mer et propriétaire de la plateforme, et la société américaine de services pétroliers Halliburton.
"Une cause unique n'est pas à l'origine de la tragédie du puits Macondo. C'est plutôt une série d'erreurs impliquant plusieurs parties qui a conduit à l'explosion et à l'incendie ayant provoqué la mort de 11 personnes et une pollution majeure" dans le golfe du Mexique en avril, a affirmé BP en publiant un rapport de plus de 200 pages.
Les décisions "prises par plusieurs compagnies et équipes de travail" sont en cause, a souligné BP dans un communiqué.
Cette enquête, menée par le chef de la sécurité du groupe Mark Bly, est considérée comme un élément essentiel de la future stratégie de défense de BP face aux poursuites engagées aux Etats-Unis.
Après quatre mois d'investigations, le géant pétrolier se reproche notamment d'avoir interprété "de manière incorrecte" les tests de pression qui avaient été effectués sur le puits. Mais il souligne que le groupe Transocean a commis la même négligence.
L'équipe de Transocean présente sur la plateforme au moment de l'explosion est également mise en cause pour avoir tardé à donner l'alerte, dans une liste en 8 points résumant les principaux dysfonctionnements détectés par BP.
Le groupe suisse n'a pas tardé à contre-attaquer: il a accusé BP de dissimuler des "éléments cruciaux", comme sa "conception défectueuse" du puits qu'il exploitait. Pour Transocean, "BP a pris une série de mesures destinées à réduire les coûts qui ont accru les risques, dans certains cas fortement".
Dans son enquête, la compagnie britannique pointe aussi du doigt la société Halliburton, qui a participé en particulier à la cimentation initiale du puits.
"De nombreuses parties, dont BP, Halliburton et Transocean, étaient impliquées", a insisté le patron de BP Tony Hayward, qui doit quitter son poste au 1er octobre.
Halliburton a estimé en réponse que ce rapport contenait "des oublis et des inexactitudes importants" et précisé que BP était responsable des opérations menées sur la plateforme.
La société "reste convaincue que toutes les interventions qu'elle a menées" sur le puits "ont été réalisées en respectant le cahier des charges de BP", est-il écrit dans un communiqué diffusé mercredi.
Lors d'une audition en juin devant le Congrès américain, M. Hayward avait répondu aux critiques en assurant n'avoir "aucun élément indiquant à ce jour que quiconque ait privilégié les coûts au détriment de la sécurité".
Les autorités américaines ont lancé plusieurs enquêtes, au civil comme au pénal, des procédures qui pourraient durer des années et se solder par des dizaines de milliards de dollars de dédommagements.
BP a annoncé la semaine dernière que la marée noire lui avait déjà coûté 8 milliards de dollars, y compris en indemnités aux riverains.
Le groupe a provisionné 32 milliards de dollars dans ses comptes pour faire face aux conséquences de la catastrophe et prévoit désormais, selon la presse britannique, de vendre pour 40 milliards de dollars d'actifs.
Dans une note à ses clients, Peter Hutton, du cabinet financier NCB, s'est dit surpris "de la défense plus agressive" adoptée par BP, s'interrogeant sur son efficacité.
Mais les investisseurs ne semblaient pas inquiets: le titre BP a grimpé de 1,3% mercredi à la Bourse de Londres.