Malmené en Bourse depuis l'accident nucléaire de Fukushima, EDF a créé la surprise vendredi en annonçant le rachat des 50% qu'il ne détenait pas encore dans sa filiale EDF Energies nouvelles, en vue de profiter de la forte croissance du secteur des énergies renouvelables.
L'électricien français a offert de "racheter l’ensemble des actions composant le capital" de sa filiale pour un coût total compris entre 1,4 et 1,5 milliard d'euros.
Cette opération "est une nouvelle étape pour EDF dans les énergies renouvelables", a souligné le directeur financier Thomas Piquemal, au cours d'une conférence téléphonique.
"La mutation importante du secteur des énergies renouvelables", avec des projets "de taille plus significative et plus complexes" et un "effort accrû de recherche et développement et d'ingénierie", rendait nécessaire une plus grande intégration entre EDF et sa filiale, a-t-il justifié.
Cette opération va en outre permettre à EDF "de bénéficier pleinement de la création de valeur future des énergies renouvelables", a-t-il ajouté.
EDF est entré en octobre 2000 au capital de cette société spécialisée dans l'éolien et le solaire, créée en 1990 par Pâris Mouratoglou sous le nom de SIIF (Société internationale d’investissements financiers).
Deux ans plus tard, le groupe a porté sa participation à 50%. La PME est devenue au fil du temps l’entité du groupe public dédiée aux énergies renouvelables.
Profitant à plein du fort développement des énergies renouvelables en France et dans le monde, EDF EN a multiplié son bénéfice net par plus de 100 entre 2001 et 2010, tandis que ses effectifs sont passés de 86 à plus de 3.000 employés.
Le fondateur Pâris Mouratoglou s'est engagé "de manière irrévocable" à apporter sa participation de 25,1% à l'offre d'EDF, le reste étant aux mains du public.
Si l'électricien parvient à récolter plus de 95% des actions de sa filiale, il envisagera une sortie de la cote d'EDF EN et une fusion des deux sociétés.
L'acquisition intervient dans une période de fortes turbulences boursières pour le premier exploitant mondial de centrales nucléaires, qui est malmené depuis l'accident de la centrale japonaise de Fukushima.
Les autorités britanniques ont en effet décidé cette semaine de reporter leur décision sur une autorisation du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR, une mauvaise nouvelle pour EDF qui compte construite 4 centrales de ce type outre-Manche où il a racheté l'opérateur British Energy en 2008.
Aux Etats-Unis, le projet d'EDF de construite un EPR à Calvert Cliffs dans le Maryland (est), qui était déjà compromis par le développement des gaz de schiste dans le pays, semble plus menacé que jamais.
"Aujourd'hui, compte tenu des prix", ce projet "n'est pas rentable", a reconnu M. Piquemal vendredi.
Il a toutefois noté que le Maryland avait des projets d'éolien en mer. "Notre ambition, c'est d'avoir un dialogue global sur l'ensemble de la problématique énergétique de l'Etat du Maryland", a-t-il expliqué, en évoquant des "solutions globales" d'"énergies décarbonnées".
Dans ce vocable, EDF place aussi bien l'énergie nucléaire que l'éolien, l'hydraulique ou le solaire photovoltaïque.
Malgré un contexte international plus hostile au nucléaire, EDF assure que l'opération n'a rien à voir avec la crise nucléaire japonaise, en parlant d'un "processus de réflexion commencé il y a plusieurs mois".
Le groupe pourrait à terme profiter de la dynamique boursière d'EDF EN, qui a pris 38% sur 5 ans, quand le titre de sa maison-mère perdait dans le même temps 40%.
EDF a également été plombé par les perspectives de faible hausse des tarifs d'électricité, à la suite des récentes annonces du gouvernement.