Pris dans la tourmente de la crise de la dette en zone euro, les marchés financiers attendent beaucoup du sommet européen prévu jeudi à Bruxelles, espérant au minimum un plan de sauvetage durable de la Grèce et au mieux des avancées vers plus de fédéralisme en Europe.
L'idée d'une réunion extraordinaire des dirigeants européens a germé la semaine dernière, avant que ne soit arrêtée finalement la date du 21 juillet.
Car, comme le soulignent la plupart des analystes, "la maison brûle", selon le terme de Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis.
Chute des places boursières, envolée à des niveaux historiques des taux obligataires des pays lourdement endettés, les marchés sont désormais convaincus que la Grèce ne pourra pas faire face à ses engagements.
Pire, les investisseurs craignent que ce problème ne s'étende à l'Espagne et l'Italie, pays dont la taille est telle qu'une contagion ferait vaciller la zone euro.
Pour Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities, "le risque de contagion à des pays qui sont +trop gros pour être sauvés+" donnent une obligation de résultat aux dirigeants européens". Mais lequel ?
Jean-Louis Mourier, économiste de marché chez le courtier Aurel BGC, juge ainsi qu'il est difficile de savoir ce que veulent vraiment les marchés et qu'il faut "distinguer ce qu'ils peuvent espérer de ce qui est sur la table".
Beaucoup d'options sont évoquées, comme le rachat de la dette grecque, une taxe sur les banques ou un rééchelonnement, alors que la question d'un défaut de paiement reste au centre des débats.
"Les marchés n'attendent pas de solution miracle", souligne M. Mourier. Un jugement conforté par la chancelière allemande Angela Merkel, qui a averti mardi qu'il ne fallait pas attendre de "décision spectaculaire" jeudi à Bruxelles. Certes, mais les marchés s'attendent au minimum à ce que la Grèce soit sauvée, via la mise sur pied d'un second plan d'aide après celui arrêté au printemps 2010, selon M. Mourier.
"Le minimum vital si on veut calmer le marché, c'est le rachat de dette", soit par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), soit en donnant les moyens à la Grèce, souligne de sn côté M. Robin.
Reste le niveau d'implication du secteur privé et notamment des banques, une incertitude qui a lourdement plombé les valeurs bancaires ces derniers jours.
Dans tous les cas, les analystes de Société Générale Cross Asset Research craignent que "les nombreux investisseurs qui attendent des mesures rapides ne soient déçus".
Selon eux, les dirigeants européens pourraient se réunir de nouveau en septembre pour arrêter les détails du plan, notamment sur l'intervention du FESF, dont la mise en place prendrait probablement plusieurs mois.
Mais, au-delà du cas de la Grèce, les marchés sont dans l'attente d'une meilleure gouvernance économique de l'Europe, selon Jean-François Robin, seul moyen de vraiment rassurer sur la pérénité de la zone euro.
Le stratégiste évoque par exemple la création d'un poste de ministre des finances européens, davantage de fédéralisme budgétaire et le déploiement des euro-bonds, des emprunts européens communs destinés à financer les différents pays de la zone euro.
Bruno Cavalie exclut toutefois des "solutions radicales", sauf "colossale surprise".
En tout état de cause, il faudra une solution "solide et qui apparaît crédible" de façon à permettre "un gros rebond sur les marchés", avance M. Mourier. Cela entraînerait alors un retour des taux des emprunts d'Etat grecs, portugais ou irlandais à des niveaux plus rationnels.