Le géant informatique américain Microsoft a fait une concession majeure vendredi en acceptant, à l'avenir, d'offrir le choix entre plusieurs navigateurs internet sur son logiciel d'exploitation Windows, afin de régler un litige avec l'Union européenne.
La Commission européenne, gendarme de la concurrence de l'UE, a indiqué dans un communiqué que le groupe lui avait proposé "d'installer une fenêtre multi-choix ("ballot screen") comme solution à l'enquête antitrust sur l'intégration du navigateur Internet Explorer dans Windows".
Aujourd'hui, Bruxelles soupçonne Microsoft, qui intègre systématiquement Internet Explorer à Windows et équipe quelque 90% des ordinateurs personnels dans le monde, de se procurer un avantage commercial déloyal à l'égard de ses concurrents.
Ces derniers sont Firefox (Mozilla), Chrome (de Google), ou encore Opera du norvégien Opera Software.
La Commission a de ce fait ouvert une enquête contre le géant américain et a considéré jusqu'ici comme insuffisants les remèdes proposés par le groupe.
Microsoft a précisé vendredi que, selon les termes de sa nouvelle proposition, "les consommateurs achetant un nouvel ordinateur sous Windows avec Internet Explorer installé par défaut verraient s'ouvrir une fenêtre multi-choix par laquelle ils pourraient, s'ils le veulent, facilement installer des navigateurs concurrents téléchargés sur le web".
Bruxelles a précisé vouloir examiner cette nouvelle offre avant de se prononcer, tout en laissant entendre qu'elle la considérait favorablement: elle a indiqué qu'elle correspondait à des demandes formulées par ses soins en janvier.
"La Commission salue cette proposition", dit le gendarme de la concurrence. Cela pourrait donc au bout du compte ouvrir la voie à une résolution du contentieux de concurrence avec le groupe américain.
Neil MacDonald, analyste chez le cabinet de marketing Gartner, a salué de son côté un compromis qui permet à Microsoft comme à la Commission de "sauver la face".
"C'est bien de donner un choix aux consommateurs. Beaucoup vont choisir (Internet Explorer) de toute façon, mais cela évite un scénario vraiment mauvais où les consommateurs achèteraient des ordinateurs sans navigateur, et sans la possibilité d'en acheter un", a-t-il ajouté. Il faut en effet se connecter à internet pour télécharger Firefox ou Chrome.
"Si cette proposition est acceptée, Microsoft vendra en Europe Windows avec toutes les fonctionnalités qui sont disponibles dans le reste du monde", a précisé le directeur juridique du groupe de Redmond, Brad Smith, dans un communiqué. Cette solution lui éviterait d'avoir à fabriquer deux versions différentes selon ses marchés.
En juin, le groupe informatique avait proposé un premier remède, la vente de la prochaine version de son système d'exploitation Windows, Windows 7, expurgée en Europe du navigateur Internet Explorer. C'est cette version qui est actuellement fournie aux fabricants européens d'ordinateurs, mais cette solution avait été accueillie avec scepticisme tant par la Commission que par les concurrents de Microsoft.
Le groupe américain a aussi indiqué qu'il avait présenté des propositions distinctes pour améliorer "l'inter-opérabilité" de ses programmes Windows, Windows Server, Office, Exchange et SharePoint avec les produits des concurrents.
Microsoft a déjà été condamné à plusieurs reprises par Bruxelles pour des pratiques anti-concurrentielles, concernant le lecteur multimédia MediaPlayer, ou l'insuffisance des informations techniques sur Windows fournies à ses concurrents pour leur permettre de développer des logiciels compatibles.
L'UE lui a imposé des amendes pour un total de 1,676 milliard d'euros. Et Microsoft encourt à nouveau une lourde pénalité financière (pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires annuel) dans le dossier Internet Explorer.