Près d'un tiers des stations-service de France étaient en panne de carburant mardi, a annoncé le gouvernement, en première ligne pour tenter d'endiguer la pénurie liée aux grèves contre la réforme des retraites qui commence à pénaliser certaines entreprises.
Alors que les vacances de la Toussaint commencent vendredi soir, le Premier ministre François Fillon a promis aux députés UMP de ramener à la "normale" la situation des pompes à essence d'ici "quatre à cinq jours".
Deux réunions de crise ont eu lieu mardi après-midi: d'abord à Matignon avec les acteurs du secteur, puis à l'Elysée où le président Nicolas Sarkzoy s'entretenait avec François Fillon et plusieurs membres du gouvernement.
Le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a déclaré devant l'Assemblée nationale qu'un "peu moins de 4.000 stations-service" étaient "en attente d'approvisionnement" sur les 12.500 que compte le pays.
Les difficultés de ravitaillement dues aux grèves dans les raffineries et aux blocages de dépôts de carburant frappent "un tiers des départements", a précisé le Premier ministre aux députés UMP. L'ouest de la France et Paris sont particulièrement touchés.
Après l'activation du "centre interministériel de crise" la veille, François Fillon a annoncé mardi plusieurs mesures d'urgence.
"Les représentants des compagnies se sont engagés à mutualiser les stocks de réserve et à mettre en oeuvre les moyens de transport afin d’approvisionner au plus vite les stations qui en ont besoin", a-t-il indiqué dans un communiqué.
Concrètement, a expliqué le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip) Jean-Louis Schilansky après la réunion à Matignon, les distributeurs vont "mettre ensemble nos stocks et ceux qui en auront besoin pourront y avoir accès". Parallèlement, davantage de camions vont être mobilisés pour accélérer l'acheminement.
L'impact de la pénurie de carburant commence à se faire sentir sur les entreprises, selon le gouvernement et le patronat,
Le secrétaire d'Etat aux PME Hervé Novelli a assuré qu'un mardi qu'un bilan "chiffré" des conséquences de la pénurie serait "disponible dans les jours qui viennent". "Nous verrons encore une fois que ces PME souffrent de blocages injustifiés", a-t-il insisté.
Le patronat avait déjà tiré le signal d'alarme.
"Quand nous avons des enjeux de compétitivité à l'intérieur de l'Europe ou face au reste du monde, nous ne pouvons pas longtemps nous permettre de grandes perturbations", a martelé la présidente du Medef Laurence Parisot.
"On n'a pas les moyens aujourd'hui, après la crise économique que nous venons de vivre (...), de pouvoir supporter des grèves qui durent longtemps", a renchéri la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).
La CGPME a notamment mis en garde contre le risque d'avoir, "d'ici la semaine prochaine", "un ralentissement ou des arrêts de production" dans le cas d'une poursuite, voire d'une amplification de la pénurie.
Selon l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP), l'approvisionnement en carburant restait "difficile" mardi dans les grandes surfaces (Carrefour, Casino, Auchan, Leclerc, etc.), qui comptent à elles seules toujours plus d'un millier de stations-service fermées. Quelque 1.000 stations du groupe Total sont aussi en rupture.
Les raffineries françaises étaient encore en grève et, selon Jean-Louis Borloo, une "vingtaine" de dépôts pétroliers "sur 219" étaient bloqués. Les forces de l'ordre sont à nouveau intervenues pour en débloquer certains, comme celui d'Ambès à Bassens (Gironde).
"La fin de semaine va être très difficile", a averti le délégué général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) Jean-Paul Deneuville. "Sans camion, il y a un risque de paralysie de l'économie."