PARIS (Reuters) - Les industriels français ont revu en nette hausse leurs prévisions d'investissements pour 2015, ce qui devrait permettre de consolider la reprise encore timide de l'économie.
L'enquête trimestrielle de l'Insee sur les investissements dans l'industrie publiée mercredi fait apparaître que cette hausse interviendrait surtout sur le second semestre et serait motivée plus par la modernisation ou le renouvellement d'équipements que par des extensions de capacités de production.
Les chefs d'entreprise de l'industrie manufacturière interrogés par l'institut tablent dorénavant sur une hausse de 7% de leurs investissements cette année, soit quatre points de croissance de plus que dans la précédente enquête publiée début février.
Elle ferait suite à une progression toujours estimée à 2% en 2014 et serait, si elle est confirmée dans les faits, la plus forte depuis le rebond de 12% intervenu en 2011 après l'effondrement constaté au plus fort de la crise en 2009.
"C'est un moteur durable de la reprise qui est en train de s'allumer", a commenté le ministre des Finances Michel Sapin dans une déclaration. "C'est la cohérence et la continuité de notre politique qui permettra de le confirmer", a-t-il ajouté.
Historiquement, l'investissement n'a jamais été un moteur dans les phases de reprise économique en France.
Le gouvernement a annoncé début avril une aide de 2,5 milliards d'euros pour inciter les entreprises à augmenter sans attendre leurs dépenses d'équipement, sous la forme d'un dispositif de "suramortissement".
Même s'il en attend un impact sur la croissance et, à terme, l'emploi, il s'en tient pour l'instant à son scénario de hausse de 1% du PIB 2015. La Commission européenne vient de relever sa prévision pour la France à 1,1% cette année, un niveau également anticipé par le FMI.
L'investissement dans l'industrie représente environ un quart de l'investissement productif en France.
FORTE HAUSSE DANS L'AUTOMOBILE
Selon l'Insee, la révision à la hausse des prévisions d'investissements pour 2015 concerne l'ensemble des secteurs, à l'exception notable des biens d'équipements où ils devraient reculer de 1% (au lieu de +1% attendu lors de la précédente enquête).
La plus forte progression est anticipée dans la fabrication des moyens de transport (+14% contre +5% en janvier), dont l'automobile (+15% au lieu de +10%).
Les hausses attendues dans les autres secteurs sont de +5% (au lieu de +1%) dans les industries agroalimentaires et de +7% (contre +4%) dans les "autres industries".
Toujours selon l'Insee, les industriels interrogés sont presque aussi nombreux à faire état d'une hausse que d'une baisse de leurs investissements au premier semestre 2015.
Mais ils sont plus nombreux à anticiper une augmentation qu'une diminution au second semestre, le solde d'opinions (+10) étant supérieur à son niveau moyen (+5).
La destination des investissements ne se modifierait que légèrement en 2015 par rapport à 2014.
La part destinée au renouvellement ou à la modernisation des équipements serait au-dessus de sa moyenne de longue période, alors qu'à l'inverse, celle des investissements consacrés à l'introduction de nouveaux produits ou à l'extension de la capacité productive resterait en deçà, signe que le redémarrage de l'emploi devra sans doute attendre.
En 2015, la part prévue des équipements déclassés pour des raisons d'usure et de vieillissement dépasserait ce que les industriels anticipaient pour 2014 (56% contre 51%). Elle se situe nettement au-dessus de sa moyenne (49%), ce qui traduit le déficit d'investissements des années de crise.
Celle des déclassements suscités par l'abandon de capacités sur produits anciens resterait par contre inférieure (9%) à sa moyenne (12%).
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)